Trois chercheurs de l’Université Ferhat Abbas de Sétif 1 ont mis au point une nouvelle méthode brevetée pour mesurer les doses de rayonnement, un enjeu crucial en médecine, en recherche scientifique et dans l’industrie. Leur innovation repose sur l’utilisation de matériaux avancés, dont l’aluminium dopé à l’antimoine et au sodium, qui améliore la précision des instruments de dosimétrie.
Cette méthode innovante permettrait d’augmenter la fiabilité des appareils utilisés dans des environnements exposés aux rayonnements ionisants, comme les centres de radiothérapie, les laboratoires nucléaires ou certaines lignes de production industrielle. En dopant l’aluminium avec des éléments spécifiques, les chercheurs parviennent à obtenir une meilleure réponse dosimétrique, tant en termes de sensibilité que de stabilité face à diverses conditions d’exposition.
Cette avancée intervient dans un contexte où la recherche scientifique en Algérie reste sous-financée et souvent peu visible à l’international. Malgré des ressources humaines qualifiées, les chercheurs algériens souffrent d’un manque d’investissements, de coopération internationale structurée et d’accès à des équipements de pointe. Que ce brevet ait vu le jour dans un tel environnement témoigne à la fois de la détermination des scientifiques et du potentiel inexploité de l’enseignement supérieur algérien.
Les applications de cette technologie brevetée sont multiples : en médecine, pour mieux calibrer les doses administrées en radiothérapie ; en industrie, pour sécuriser les processus de production exposés aux rayonnements ; ou encore en recherche fondamentale, où la précision de la mesure est essentielle. Si la découverte est valorisée correctement, elle pourrait générer des retombées économiques non négligeables, voire ouvrir la voie à une production locale d’équipements de mesure.
Le principal défi désormais consiste à protéger ce brevet à l’international et à susciter des partenariats avec des entreprises ou des institutions capables de transformer l’innovation en produit exploitable. Faute d’un accompagnement structuré, nombre d’innovations africaines finissent par être récupérées ou tombent dans l’oubli. Il revient aux autorités universitaires et scientifiques de prendre le relais pour porter ce projet au-delà du simple exploit académique.
Ce cas illustre une vérité trop souvent ignorée : l’Afrique du Nord, et l’Algérie en particulier, dispose de compétences scientifiques de haut niveau capables de contribuer à des domaines technologiques de pointe. La question, désormais, est de savoir si cette avancée restera un fait isolé ou si elle s’inscrira dans une stratégie nationale ambitieuse de soutien à la recherche appliquée.