Après quatre mois passés comme « employé spécial du gouvernement », Elon Musk a confirmé la fin de sa mission auprès de l’administration Trump. L’homme d’affaires sud-africain a annoncé son départ dans un message publié sur X, exprimant des critiques inédites à l’encontre du président américain, jusque-là son allié politique. Il dit avoir été « déçu » par un projet de loi de dépenses massives, qu’il considère comme une trahison des objectifs initiaux de réduction des dépenses publiques.
Dans un premier temps, Musk avait signalé un retrait progressif de la commission « Doge », en invoquant la nécessité de se recentrer sur Tesla. Mais les propos tenus cette semaine à la chaîne CBS marquent une nette inflexion : il accuse désormais le gouvernement d’utiliser sa mission comme un bouc émissaire. Il dénonce un texte qui creuserait le déficit de 3 800 milliards de dollars sur dix ans, selon une estimation parlementaire. Son ironie sur la “grande et belle loi” de Trump (« elle ne peut être les deux ») révèle l’ampleur de la désillusion.
Le départ de Musk intervient alors que son alliance avec Donald Trump semblait jusque-là solide. Présenté comme un artisan majeur de la stratégie de rationalisation des dépenses de l’État, il avait multiplié les apparitions publiques aux côtés du président après l’investiture de janvier. Son influence sur les décisions de réduction de l’aide internationale ou de suppressions d’agences fédérales était visible. Toutefois, son style directif et ses prises de position ont rapidement suscité des tensions au sein du cabinet présidentiel.
Cette rupture pourrait fragiliser davantage un gouvernement Trump déjà sous pression sur le plan budgétaire. Le départ de Musk laisse aussi un vide au sein d’une commission qui devait symboliser l’efficacité administrative. Sur le plan économique, sa critique pourrait faire écho dans les milieux d’affaires, d’autant que ses entreprises, notamment Tesla et SpaceX, sont directement concernées par les politiques publiques fédérales. Les futurs rapports entre Musk et Washington risquent d’être marqués par une défiance croissante.
La fin de la mission d’Elon Musk soulève enfin une question essentielle : celle du conflit d’intérêts. En tant que patron d’entreprises massivement impliquées dans des contrats publics, son double rôle d’acteur économique et de conseiller gouvernemental a nourri de nombreuses interrogations. Musk, conscient de sa propre image, tente de reprendre le contrôle de la narration, en réaffirmant sa présence à temps plein dans ses entreprises. Mais son incursion dans les affaires de l’État aura laissé une trace, à la fois sur sa réputation et sur la perception de la frontière entre secteur privé et pouvoir public.