Dans une démarche inédite, Jean-Marie Bockel, ancien ministre de la Coopération sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a été désigné par le président Emmanuel Macron comme « Envoyé personnel » en Afrique. Sa mission principale sera de communiquer aux pays africains, abritant des bases militaires françaises (à l’exception de Djibouti), la refonte de la stratégie militaire de la France.
Ce rôle attribué à Jean-Marie Bockel s’inscrit dans le cadre d’une initiative plus large visant à « changer le statut, le format et la mission des bases françaises sur le continent africain », tel que révélé par une lettre obtenue par RFI. Cette nomination s’appuie sur le discours du président Macron aux forces armées en novembre 2022, promettant un soutien militaire continu aux pays tels que le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Gabon, tout en adoptant une approche renouvelée et concertée avec ces États.
La décision d’engager Jean-Marie Bockel reflète une volonté de rompre avec les pratiques antérieures, symbolisées par la Françafrique, tout en renforçant les liens diplomatiques et militaires avec les pays africains. Le choix de Bockel, connu pour avoir critiqué ouvertement la Françafrique en 2008, souligne l’ambition de Paris de remodeler son approche en Afrique dans un esprit de coopération et de respect mutuel.
Avec cette nomination, l’Élysée assigne à Jean-Marie Bockel la tâche délicate de formuler des recommandations sur la nouvelle posture militaire française en Afrique. Attendues pour l’été prochain, ces recommandations devront baliser le chemin d’une collaboration plus équilibrée et adaptée aux réalités politiques et sécuritaires contemporaines du continent.
L’histoire personnelle de Jean-Marie Bockel, marquée par la perte de son fils au Mali en 2019, ajoute une dimension émotionnelle et symbolique à sa mission. Cette nomination témoigne d’une volonté de réconciliation et de renouveau dans les relations franco-africaines, en plaçant au cœur des préoccupations la sécurité et le développement des nations africaines.
Cette initiative de l’Élysée, confiant à Jean-Marie Bockel un rôle pivot dans la redéfinition de la présence militaire française en Afrique, représente un tournant potentiel dans les relations franco-africaines. Elle s’inscrit dans un contexte global de réévaluation des politiques étrangères, avec l’espoir de bâtir des partenariats plus forts, respectueux et mutuellement bénéfiques entre la France et les pays africains.