Le 9 mai, Vladimir Poutine a commémoré la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie en présence de milliers de soldats russes et de dirigeants étrangers, lors d’une parade militaire sur la place Rouge à Moscou. Cette célébration, marquant les 80 ans de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, a servi de tribune pour le président russe pour saluer le « courage » de ses troupes en Ukraine. En dépit du contexte international tendu, des délégations venues de pays alliés ont assisté à la cérémonie, soulignant le soutien de certains régimes à la politique de Moscou.
Lors de cette commémoration, Vladimir Poutine a comparé l’assaut contre l’Ukraine, qu’il a lancé en février 2022, à la lutte de l’Union Soviétique contre le nazisme. « L’ensemble du pays, la société, le peuple soutiennent les participants à l’opération militaire spéciale en Ukraine », a affirmé le président russe, utilisant l’euphémisme pour décrire l’invasion. Ce discours fait écho à la narration officielle de la Russie qui justifie son intervention en Ukraine par la nécessité de « dénazifier » ce pays, un thème récurrent dans la propagande de Moscou.
La parade a vu défiler quelque 11 000 soldats russes, dont 1 500 ayant combattu en Ukraine, ainsi que des unités militaires de 13 autres pays, comme la Chine, le Vietnam, et l’Égypte. Parmi les spectateurs, des vétérans de guerre et des dirigeants étrangers, principalement des alliés de la Russie, ont assisté à l’événement. En présence de nombreux équipements militaires, notamment des chars modernes T-90 et des drones de combat utilisés en Ukraine, cette démonstration de force a marqué un contraste avec les défilés précédents, où les forces russes étaient en position de vulnérabilité.
Malgré l’isolement diplomatique imposé par l’Occident, une vingtaine de dirigeants étrangers ont fait le déplacement à Moscou, parmi lesquels des alliés traditionnels tels que les présidents de la Chine, du Brésil, du Kazakhstan et du Bélarus, mais aussi des figures plus controversées comme le Premier ministre slovaque Robert Fico et le président serbe Aleksandar Vucic. Leur présence à la cérémonie est interprétée comme un soutien tacite à la politique agressive de la Russie, bien que cette participation fasse l’objet de vives critiques, notamment de la part des pays occidentaux.

Les Moscovites présents à la parade ont exprimé un mélange de fierté nationale et d’espoir pour la fin du conflit. Vladimir, un citoyen de 40 ans, a déclaré qu’il était « fier de son pays » et qu’il voulait voir la puissance militaire de la Russie de près. D’autres, comme Tatiana Rybakova, ont exprimé leur souhait de voir la guerre se terminer rapidement, afin que les gens puissent « être heureux et en bonne santé ». Cette ambivalence reflète un sentiment populaire partagé entre le nationalisme et l’aspiration à la paix.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le 9 mai a également été marqué par des accusations mutuelles de violations du cessez-le-feu observé entre le 8 et le 10 mai. L’Ukraine a dénoncé des attaques russes sur toute la ligne de front, tandis que Moscou a insisté sur le fait que ses forces répondaient uniquement aux violations ukrainiennes. En parallèle, la situation en Russie est restée calme ce jour-là, mais les frappes ukrainiennes au moyen de drones ont créé des perturbations, notamment à Moscou, où plusieurs vols ont été annulés ou retardés.
Poutine continue d’exploiter la mémoire de la Seconde Guerre mondiale pour justifier ses actions en Ukraine, un conflit qui, selon lui, vise à “dénazifier” le pays voisin. Cet argument est enraciné dans les traumatismes historiques subis par la population soviétique pendant la guerre, qui a fait plus de 20 millions de morts. L’héritage patriotique de cette époque reste un levier politique puissant, utilisé par le Kremlin pour maintenir le soutien interne à l’opération militaire. La célébration de la victoire de 1945 sert ainsi de toile de fond pour justifier l’invasion de l’Ukraine, tout en renforçant l’identité nationale russe.