Le Rwanda a annoncé ce lundi 17 mars la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays, Kigali accusant Bruxelles de soutenir ouvertement Kinshasa dans le cadre du conflit en République Démocratique du Congo (RDC), et de mener une campagne systématique contre le Rwanda sur la scène internationale.
Selon le communiqué officiel de Kigali, la Belgique a pris position contre le Rwanda bien avant le début du conflit en RDC, et a continué de miner ses intérêts pendant l’escalade des hostilités. Le Rwanda accuse la Belgique d’avoir propagé des « mensonges » et des « manipulations » visant à créer une image négative injustifiée du pays, et ce, dans plusieurs forums internationaux, notamment au sein de l’Union européenne, où Bruxelles a joué un rôle clé dans l’imposition de sanctions contre Kigali.
Les relations entre le Rwanda et la Belgique sont marquées par un lourd passé colonial et des tensions persistantes. La Belgique, ex-puissance coloniale au Rwanda, a longtemps eu une influence sur la politique et les affaires du pays. Depuis la fin du génocide rwandais en 1994, les rapports entre les deux nations ont été ponctués de hauts et de bas, exacerbés par des divergences sur la gestion des crises régionales, notamment en RDC. Le soutien de Kigali à certains groupes rebelles, dont le M23, a suscité des critiques internationales, avec la Belgique à la pointe des accusations.
La rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique marque un tournant dans les relations bilatérales. Cette décision pourrait avoir des répercussions sur la coopération en matière de développement, qui avait déjà été suspendue en février, et affecter les relations économiques et commerciales entre les deux pays. Dans l’immédiat, la mission diplomatique belge au Rwanda a été sommairement expulsée, une décision qui pourrait entraîner des mesures similaires de la part de la Belgique. L’Union européenne, déjà engagée dans une politique de sanctions, pourrait voir ses relations avec Kigali encore plus tendues, notamment en raison du soutien continu de Bruxelles à Kinshasa dans la crise congolaise.
Lors d’un discours très virulent prononcé ce dimanche, le président rwandais Paul Kagame a dénoncé la campagne de la Belgique, qu’il a qualifiée d’agressive et infondée. Il a réitéré la détermination de son gouvernement à défendre la souveraineté du Rwanda, soulignant que cette rupture diplomatique était une réponse nécessaire face aux attaques répétées de la Belgique. Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a de son côté réagi en qualifiant cette décision de « disproportionnée », mettant en lumière la préférence de Kigali pour l’escalade plutôt que le dialogue en cas de désaccord.
Cette rupture intervient dans un contexte déjà tendu, où les relations diplomatiques entre l’Europe et l’Afrique continuent d’être secouées par des divergences sur des sujets tels que les droits de l’homme, la politique de sécurité et les enjeux géopolitiques régionaux. Le cas du Rwanda illustre bien les difficultés de concilier intérêts nationaux, pressions internationales et dialogue diplomatique dans un environnement complexe.
La Belgique regrette la décision du Rwanda de rompre les relations diplomatiques avec la Belgique et de déclarer les diplomates belges persona non grata.
Cette décision est disproportionnée et illustre que lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas…
— Maxime PREVOT (@prevotmaxime) March 17, 2025