Le gouvernement éthiopien et les autorités du Tigré ont accepté l’invitation de l’Union africaine à participer à des pourparlers de paix en Afrique du Sud, le week-end prochain. Dans sa réponse au président de la Commission de l’Union africaine, le président du gouvernement régional tigréen Debretsion Gebremichael a toutefois demandé des « clarifications ». Et nombre de questions se posent encore sur ces pourparlers, dont les contours restent flous.
La première « clarification » demandée par le président des autorités tigréennes, dans sa réponse à l’invitation de l’Union africaine, est abrupte : un cessez-le-feu est-il à l’ordre du jour ? Les autres concernent le déroulement des discussions : qui d’autre se trouvera autour de la table et à quel titre ? « Le problème numéro un, explique un analyste régional, c’est l’absence totale de confiance en la parole donnée ou même la signature du gouvernement fédéral. »
C’est pourquoi Debretsion Gebremichael demande aussi quel rôle jouera « la communauté internationale ». On sait notamment que l’envoyé spécial américain Mike Hammer sera présent en Afrique du Sud, mais il n’est pas cité dans la lettre d’invitation. Et enfin quels arrangements sont prévus pour transporter et loger ses négociateurs. Des questions encore sans réponse jeudi, selon une source tigréenne, qui déplore que Mekele n’avait pas été consulté au préalable.
Le leadership tigréen a besoin de « davantage de substance sur les procédures retenues avant de rejoindre ces discussions », explique pour sa part Kjetil Tronvoll, professeur à l’Oslo New University College et directeur d’Oslo Analytica.
Date encore incertaine
En l’absence de clarifications, cette réunion pourrait « n’être qu’une ruse » du gouvernement éthiopien « pour gagner du temps, alors qu’il est mis sous pression sur le champ de bataille », selon lui. Et puis cela permettrait de « clarifier le rôle de la communauté internationale, conclut-il, comme garante d’un processus crédible ».
Par ailleurs, une inconnue subsiste encore sur la date même des pourparlers : initialement, il s’agissait du 8 octobre. Mais plusieurs sources diplomatiques ne confirment pas cette date, préférant évoquer « le week-end prochain » ou simplement « bientôt ». Sollicitée, l’Union africaine n’a pas répondu à une demande de clarification.
Ces inconnues viennent du fait que « l’UA a pris tout le monde de vitesse », explique cet analyste régional. Par exemple, le cabinet du médiateur kényan Uhuru Kenyatta, qui n’a confirmé sa participation qu’après tout le monde, jeudi matin, n’était pas au courant au moment où l’invitation a été rendue publique.
Léonard Vincent