L’Éthiopie a choisi son nouveau président. Taye Atske Sélassié, ministre des Affaires étrangères, a été élu par le Parlement ce lundi 7 octobre, succédant à Sahle-Work Zewde, la première femme à occuper ce poste honorifique. Bien que la fonction présidentielle soit essentiellement symbolique en Éthiopie, ce choix intervient à un moment de grande tension politique et a des implications significatives.
Taye Atske Sélassié, diplomate de carrière au parcours remarquable, a pris ses fonctions avec solennité lors de la cérémonie de passation de pouvoir au Parlement. Sahle-Work Zewde, pour sa part, a quitté la présidence sans faire de déclaration, une absence de discours qui a suscité de nombreuses questions sur les raisons de ce départ discret. D’après plusieurs sources, des désaccords profonds avec le Premier ministre Abiy Ahmed auraient précipité son départ.
Durant son mandat, Sahle-Work Zewde a dû faire face à des défis internes considérables, notamment les conflits civils dans les régions d’Amhara et d’Oromia. Bien qu’elle n’ait jamais critiqué ouvertement le gouvernement, elle a régulièrement appelé à la paix et au dialogue national, insistant sur l’importance de l’unité nationale. Le silence de l’ex-présidente, ainsi qu’un message énigmatique publié sur X évoquant la « souffrance » et « la voie du silence », ont alimenté les spéculations quant aux tensions persistantes au sein du gouvernement.
La nomination de Taye Atske Sélassié intervient dans un contexte régional marqué par des tensions géopolitiques. Diplômé et expérimenté, il a été ambassadeur aux Nations unies, aux États-Unis, en Suède et en Égypte. Sa désignation coïncide avec les efforts de l’Éthiopie pour renforcer ses ambitions stratégiques, notamment l’accès à la mer via le Somaliland et l’autosuffisance énergétique grâce au barrage sur le Nil. Ces initiatives ont suscité la méfiance et la colère des pays voisins, notamment la Somalie et l’Égypte.
La présence de Taye Atske Sélassié à la présidence pourrait faciliter une approche diplomatique plus apaisée envers ces voisins. Récemment, Mogadiscio et Le Caire ont intensifié leur coopération, augmentant la pression sur Addis-Abeba. Cependant, certains diplomates régionaux perçoivent l’élection de Taye Atske Sélassié comme une opportunité pour renforcer le dialogue et la stabilité. Hassan Yassin, ancien ambassadeur du Somaliland, a notamment qualifié cette élection de « très prometteuse » pour les relations bilatérales.