Le mardi, une évasion spectaculaire s’est produite dans la prison de Mornaguia à Tunis, réputée comme l’une des mieux gardées du pays. Cette prison héberge principalement des opposants politiques au régime de Kaïs Saïed. Cinq terroristes se sont évadés à l’aube, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, qui a lancé un appel à témoin et émis un avis de recherche pour retrouver les fugitifs en cavale.
L’évasion a eu des conséquences immédiates, avec une série de limogeages annoncée par le ministère de l’Intérieur quelques heures après l’incident. Parmi les hauts responsables sanctionnés figurent le directeur général des services spéciaux, le directeur central des renseignements généraux et le directeur de la prison de Mornaguia, limogé par le ministère de la Justice.
Cette évasion a suscité des inquiétudes au sein des autorités tunisiennes, qui sont généralement discrètes sur les affaires sécuritaires et judiciaires. Cette fois, les photos des cinq détenus condamnés pour divers crimes en vertu de la loi antiterroriste ont été largement diffusées.
Deux des terroristes évadés sont impliqués dans les assassinats politiques de 2013, ceux de Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd, des personnalités de gauche. Ces assassinats avaient provoqué une grave crise politique à l’époque. Parmi les fugitifs figure Ahmed Melki, 44 ans, surnommé “le Somalien.”
L’évasion a fait la Une des médias tunisiens et a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Elle soulève des questions majeures, tant sur le plan sécuritaire que politique, et certains partis politiques ont dénoncé la possibilité d’une infiltration d’éléments terroristes au sein des institutions de l’État. Pour l’instant, les autorités n’ont pas divulgué de détails sur la manière dont les détenus se sont évadés, mais une enquête administrative a été diligentée par le ministère de la Justice pour établir les responsabilités dans cette évasion.