Depuis le 8 avril 2025, Air France a modifié ses itinéraires à destination de l’Afrique subsaharienne en cessant tout survol de l’espace aérien algérien. Cette décision fait suite à des restrictions croisées entre Alger et Bamako, qui ont transformé le ciel sahélien en un espace hautement politisé. La compagnie française est désormais contrainte de rallonger ses trajets en passant par le Maroc et la Mauritanie.
Selon Air France, les autorités maliennes ont publié un NOTAM (Notice to Airmen) interdisant à tout avion ayant survolé l’Algérie d’entrer dans leur espace aérien. Ce verrouillage est d’autant plus pénalisant qu’il s’ajoute à la fermeture du ciel nigérien en vigueur depuis l’été 2023. Le cumul de ces mesures réduit drastiquement les options de navigation pour les vols commerciaux vers l’Afrique de l’Ouest et centrale, augmentant les distances et les coûts.
Ces décisions ne sont pas anecdotiques. Elles s’inscrivent dans un contexte de crispations régionales où les espaces aériens deviennent des leviers de pression diplomatique. Le Sahel, longtemps instable au sol, voit désormais sa conflictualité s’étendre dans les airs. Ce glissement vers une militarisation du ciel reflète une volonté des États concernés de renforcer leur souveraineté, quitte à pénaliser les liaisons civiles.
Les conséquences sont multiples : augmentation de la durée des vols, consommation accrue de carburant, réorganisation des plannings d’équipage et pressions financières accrues. Pour Air France, comme pour d’autres compagnies opérant dans la région, le détour par l’ouest saharien n’est pas neutre. À terme, cette situation pourrait affecter la rentabilité des liaisons vers plusieurs capitales africaines, voire inciter à réduire les fréquences.
Dans ce nouvel échiquier, le Maroc et la Mauritanie deviennent des axes stratégiques pour les vols commerciaux européens vers l’Afrique. Leurs espaces aériens, restés ouverts et stables, offrent une alternative précieuse dans un environnement régional tendu. Mais cette centralité accrue pourrait aussi créer de nouvelles dépendances ou faire émerger d’autres tensions si la situation venait à se prolonger.
Aucune perspective de désescalade n’est encore en vue entre l’Algérie, le Mali et leurs voisins. Les tensions diplomatiques, exacerbées par les bouleversements politiques récents dans la région, rendent difficile toute prévisibilité. Pour les compagnies aériennes, la seule option à court terme reste l’adaptation, dans l’attente d’un éventuel apaisement du climat géopolitique sahélien.