Après plus de trois décennies d’inactivité, la mine de Kipushi, située en République démocratique du Congo (RDC), a officiellement repris ses activités le dimanche 18 novembre, sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi. Ce projet d’envergure représente une étape importante pour le pays, cette mine étant le quatrième plus grand gisement de zinc au monde. Désormais en exploitation, le minerai extrait à Kipushi sera concentré avant d’être exporté via la Zambie, répondant à la demande croissante de ce métal stratégique.
La relance de la mine de Kipushi est le fruit d’une joint-venture entre la société publique congolaise Gécamines et l’entreprise canadienne Ivanhoe. Cette collaboration marque un tournant pour le secteur minier congolais, et selon les experts, elle représente également une bonne nouvelle pour les marchés mondiaux du zinc. Roxana Lazar, spécialiste métaux chez Argus Media, affirme que la mine contribuera à environ 2 % de la production mondiale de zinc au cours de ses premières années d’exploitation, ce qui pourrait soulager des contraintes d’approvisionnement exacerbées par les coûts énergétiques élevés et les tensions géopolitiques.
La reprise de l’exploitation à Kipushi survient à un moment critique où l’approvisionnement en zinc est affecté par diverses pressions internationales. Depuis l’arrêt de la mine il y a plus de trente ans, la RDC a dû naviguer entre instabilité politique et crises économiques, freinant les investissements dans le secteur minier. Aujourd’hui, la relance de Kipushi vise à restaurer une place stratégique de la RDC dans le marché mondial des matières premières, en offrant des ressources stables et en renforçant la capacité du pays à satisfaire la demande internationale.
Cette relance devrait avoir des impacts positifs non seulement pour l’économie congolaise, mais aussi à l’échelle mondiale. Les spécialistes prévoient que la production de Kipushi stimulera l’économie locale grâce à la création d’emplois et à des rentrées fiscales pour l’État. De plus, une forte demande en zinc est attendue dans les années à venir, particulièrement en Asie, avec des besoins croissants en Chine et en Inde. Cette dynamique permet de renforcer la position de la RDC comme acteur clé du marché des métaux.
Un autre aspect positif de la mine de Kipushi est la très haute concentration de son minerai. Patrice Christmann, ancien du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), souligne que cette spécificité permet de réduire significativement les déchets générés lors de l’extraction. Cette réduction des déchets est cruciale pour limiter les impacts environnementaux et sociétaux liés à l’exploitation minière, offrant ainsi un avantage supplémentaire à cette reprise.
Malgré ces perspectives encourageantes, il demeure certains défis, notamment en termes de durabilité des réserves, estimées à moins de vingt ans, et de stabilité politique nécessaire pour garantir une exploitation continue. Cependant, la demande mondiale croissante et la réouverture de Kipushi constituent une véritable opportunité pour la RDC, qui pourrait se positionner durablement sur la scène minière mondiale, tout en stimulant sa propre économie.