En République Démocratique du Congo (RDC), les consultations en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale, lancées le 24 mars, se poursuivent. Ce processus, qui implique le conseil spécial en matière de sécurité du président Félix Tshisekedi, est encore dans ses premières étapes. Pour l’instant, seules les figures majeures de la majorité présidentielle ont été consultées, un élément crucial pour établir une cohésion au sein de l’exécutif.
Au cours des deux premiers jours des consultations, le ministre de la sécurité, qui représente le président Tshisekedi, a rencontré exclusivement les membres de la majorité. Cependant, cette majorité semble être confrontée à des tensions internes, comme le reconnaît Augustin Kabuya, chef du parti présidentiel. Il insiste sur l’importance de maintenir une unité au sein du camp présidentiel afin d’éviter toute frustration ou humiliation. Cela reflète les défis politiques internes que le président doit surmonter pour garantir une stabilité au sein du gouvernement à venir.
Le contexte politique de ces consultations est marqué par une situation sécuritaire tendue, notamment en raison de la guerre dans l’est du pays. Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC), a évoqué la nécessité de regagner les territoires occupés par le groupe M23 soutenu, selon lui, par le Rwanda. Il insiste sur l’urgence de restaurer l’intégrité territoriale de la RDC et de protéger les populations du Nord et du Sud-Kivu, qui souffrent des violences quotidiennes liées à ce conflit. La guerre avec le Rwanda continue de hanter les relations régionales et d’influencer la formation du gouvernement.
Parallèlement, d’autres acteurs politiques, tels que Billy Kambale, secrétaire général du parti UNC, du président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe, plaident pour la création d’un « gouvernement de guerre ». Selon lui, ce gouvernement aurait pour mission de mettre fin aux incursions rwandaises et de rétablir l’ordre dans les territoires en crise. Une telle proposition souligne l’urgence de la situation sécuritaire et la nécessité d’une réponse unifiée face à la guerre qui déchire l’est du pays.
Malgré l’inclusion de diverses forces politiques, les principales formations de l’opposition ont d’ores et déjà rejeté l’offre d’un gouvernement d’union nationale, jugeant qu’elle ne résoudra pas les causes profondes de la crise. En parallèle, la société civile sera consultée dans les prochains jours, mais il est probable que cette partie de la population reste critique face à l’inaction perçue du gouvernement et à l’impasse politique qui semble persister.
Les consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale ne sont qu’un début dans un processus qui s’annonce complexe et décisif pour l’avenir de la RDC. Si elles permettent d’apaiser les tensions internes à la majorité, elles devront également prendre en compte les revendications de l’opposition et des acteurs de la société civile. Les enjeux sécuritaires et politiques restent au cœur des débats, et la manière dont ces consultations se dérouleront pourrait avoir des répercussions considérables sur la stabilité du pays dans les mois à venir.