par Mariel Bluteau
François Desgrandchamps est chirurgien-urologue ; il vient de publier “La prostate, on en parle” chez Hachette. Invité pour en parler au micro d’Ali Rebeihi, il affirme que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les hommes n’ont pas le monopole de la prostate.
Anatomie de la prostate
Cette glande reproductrice se situe entre la vessie et l’urètre.
La prostate est une glande creuse par laquelle passe l’urine plusieurs fois par jour et le sperme de temps en temps. Cette cavité sert aussi à la formation du sperme : au moment de l’orgasme, se mélangent dans la prostate les liquides sécrétés par les vésicules séminales (80%), les spermatozoïdes des testicules (10%) et les secrétions de la prostate (10%). Puis la prostate se contracte de haut en bas et chasse le sperme à l’extérieur.
Elle est de taille variable selon l’âge et les hommes : au départ, chez les jeunes hommes, la prostate fait à peu près la taille de la pulpe d’un pouce et pèse 20 grammes. Elle grossit avec l’âge (mais ce n’est pas systématique : certains hommes de 60 ans ont une prostate de jeune homme ; on ignore pourquoi). La prostate peut grossir beaucoup – ce qui ne veut pas forcément dire qu’elle devient dangereuse pour la santé : “la plus grosse prostate du monde est chez un Catalan de 72 ans qui va très bien” souligne François Desgrandchamps (presque 4 kg !).
La prostate des femmes…
“Les femmes ont également une prostate, mais elle est microscopique” explique l’urologue, “elle n’est pas développée”.
Cette découverte a été faite en Slovaquie par le professeur Milan Zaviacic : ce chercheur en anatomie a découpé en tranches très fines des urètres prélevés lors d’autopsies et les a étudiés. Ces opérations ont démontré qu’il y a, chez la femme, quelques glandes résiduelles là où se situe la prostate de l’homme – donc : oui, les femmes ont une prostate, mais à l’état vestigial.
“Cela explique que les femmes éjaculent” souligne François Desgrandchamps (qui précise aussitôt qu’il ne faut pas confondre ce phénomène avec “les femmes fontaines qui expulsent de l’urine au moment de l’orgasme”). Des chercheurs autrichiens ont analysé le liquide qui sortait de l’urètre de femmes se masturbant : “les femmes qui éjaculent ont quelques gouttes très riches en PSA” explique le médecin (le PSA est une substance fabriqué par la prostate, qui permet de liquéfier le sperme après l’éjaculation). “Ce liquide pourrait être observé chez 10 à 70 % des femmes” précise François Desgrandchamps dans son livre, La prostate, on en parle. II ajoute : “l’éjaculation féminine est sans doute plus fréquente que l’on ne croit”
… et le vagin des hommes
Entre la 9e et la 10e semaine après la fécondation, l’embryon se diversifie en fonction de son sexe. Et de la même façon que les femmes ont conservé un vestige de prostate, les hommes conservent deux des organes sexuels reproductifs féminins (non développés) :
- l’utricule prostatique est un (minuscule) vagin atrophié. Il est situé au milieu de la prostate et n’a aucune fonction connue.
- “l’hydatide sessile de Morgagni”, petit nodule collé à la surface des deux testicules, correspond aux vestiges des structures qui devaient former les trompes de Fallope.