Au Gabon, des nuages sombres s’amoncellent au-dessus de l’ancien couple présidentiel, Ali et Sylvia Bongo. Depuis la chute du pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire en fin août, les accusations de crimes se multiplient. L’ancien député Bertrand Zibi Abeghe, qui a enduré six ans de détention, a pris l’initiative de déposer des plaintes à l’international, ciblant Ali Bongo en France, en Angleterre, aux États-Unis, et au Gabon. De leur côté, quatre organisations non-gouvernementales ont lancé une procédure judiciaire à Libreville contre Sylvia Bongo, l’épouse de l’ancien président.
Bertrand Zibi Abeghe, ancien député de la majorité présidentielle, avait fait une sortie fracassante en 2016 en démissionnant en face d’Ali Bongo. Cela lui avait valu une arrestation suivie de six années de détention, où il a subi des traitements inhumains. Il dépose maintenant une plainte contre l’ex-président pour des charges incluant coups et blessures, torture, et traitement inhumain. Il affirme : “Le pardon fait partie de mes valeurs aujourd’hui, mais pardonner ne signifie pas oublier ni passer sous silence. Il ne s’agit pas de vengeance personnelle, mais de recherche de réconciliation à travers la vérité. Je veux simplement que justice me soit rendue et qu’Ali Bongo réponde enfin de ses crimes.”
Ce contexte tendu trouve ses racines dans la récente chute du pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire. Les années de règne d’Ali Bongo avaient été marquées par des accusations de corruption et de détournement, et les événements actuels font resurgir ces problèmes non résolus.
La procédure judiciaire de Bertrand Zibi Abeghe vise non seulement Ali Bongo mais aussi ceux qui ont exécuté les ordres, y compris d’anciens ministres de la Justice, procureurs, juges d’instruction et directeurs de prison. Cette action judiciaire a le potentiel de faire éclater la vérité sur les abus du pouvoir précédent.
De leur côté, les organisations ROLBG, Copil Citoyen et Coted ont pris pour cible Sylvia Bongo pour des accusations graves, notamment de corruption, trafic d’influence, détournement de fonds, blanchiment d’argent et atteinte aux intérêts nationaux. Elles la considèrent comme un acteur clé de l’ancien régime et l’accusent d’avoir joué un rôle central dans un système de corruption qui a sévi au Gabon.
Ces ONG prévoient de déposer d’autres plaintes contre Sylvia Bongo à l’étranger, montrant leur détermination à obtenir justice. De plus, elles demandent une enquête approfondie sur l’entreprise Olam, un groupe singapourien au cœur de l’agro-business au Gabon. Cette enquête pourrait révéler davantage de détails sur les liens entre le secteur économique et le pouvoir politique de l’ancien régime, ouvrant ainsi une nouvelle ère de transparence au Gabon.