Huit militaires gabonais, accusés d’avoir torturé à mort un jeune soldat soupçonné de vol, ont été placés en détention préventive. Deux généraux, impliqués dans l’affaire, seront prochainement entendus. Ce drame, largement médiatisé, a suscité une vive émotion dans l’opinion publique et des réactions fermes des autorités gabonaises.
La décision d’incarcérer les huit suspects a été prise lors d’un conseil de sécurité exceptionnel présidé par le chef de l’État, le général Brice Oligui Nguema. Dans un communiqué diffusé mercredi, le ministère de la Défense a annoncé la traduction des suspects devant les juridictions civiles et militaires. Le procureur de la République, Bruno Obiang Mve, a révélé que la victime, le second maître Johan Bounda, aurait été violemment agressée dans un contexte de suspicion de vol au sein de l’armée.
Ce drame intervient dans un contexte politique marqué par des tensions post-coup d’État. Depuis la destitution d’Ali Bongo en août 2023, le Gabon traverse une période de transition avec la promesse de réformes institutionnelles. Les violences perpétrées par des forces de sécurité, déjà critiquées pour des abus récents, illustrent les défis auxquels fait face la junte pour restaurer l’autorité de l’État et la confiance des citoyens.
Face à la vague d’indignation suscitée par les images du corps mutilé diffusées sur les réseaux sociaux, les autorités gabonaises ont promis des sanctions exemplaires. Le chef de l’État a ordonné une enquête approfondie et demandé que toutes les personnes impliquées, quelle que soit leur hiérarchie, soient traduites en justice. L’affaire pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les abus militaires au Gabon.
L’enquête a été retirée à la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (DGCISM), où les actes auraient été commis, pour être confiée à des services jugés plus impartiaux. Cette décision reflète la volonté des autorités de garantir une enquête équitable et de réhabiliter des institutions militaires déjà ternies par des scandales antérieurs.
Au-delà de cette affaire, le général Oligui Nguema a réaffirmé son engagement contre la torture et les abus de pouvoir. En appelant à des poursuites contre la publication de vidéos choquantes, il cherche à encadrer l’utilisation des réseaux sociaux tout en promettant une justice transparente. Ce double scandale, à l’approche des élections prévues avant août 2025, met en lumière les défis d’un Gabon en quête de stabilité démocratique.