Le 4 mars, Lionel Engonga, député de la transition gabonaise, a déposé un projet de loi visant à amnistier les meneurs du putsch de 2019. Cette initiative a pour objectif d’encourager la réconciliation entre les Gabonais après plusieurs années de tensions politiques, notamment liées à cet échec militaire. Engonga considère que la libération des trois militaires emprisonnés depuis 2019 constituerait un signe fort de la volonté de tourner la page du passé.
Le projet d’amnistie proposé par Engonga concerne Kelly Ondo Obiang, Estimé Manongo Bidima et Dimitri Nze Minkom, membres de la Garde républicaine, qui avaient tenté de renverser le régime en place en prenant d’assaut la radiotélévision nationale. Arrestation et condamnation à quinze ans de prison pour leur acte de rébellion ont suivi. Le député de la transition justifie sa proposition en arguant que les faits pour lesquels ces militaires ont été condamnés ont en quelque sorte « pavé la voie » à la situation actuelle du pays, marquée par le renversement de l’ancien président Ali Bongo.
Le putsch de janvier 2019 s’inscrit dans un contexte de crise politique exacerbée au Gabon, après des élections controversées et la longévité au pouvoir d’Ali Bongo. Bien que ce coup d’État ait échoué, il a symbolisé un rejet profond du régime en place et une volonté de changement, qui se sont concrétisés avec l’avènement de la transition dirigée par le général Oligui Nguema en 2023. Depuis la prise du pouvoir par Nguema, des signes de réformes et de rupture avec l’ancien régime se multiplient.
L’initiative de Lionel Engonga s’inscrit dans une dynamique de réconciliation nationale. Pour le député, libérer les meneurs du putsch serait un geste fort de la nouvelle direction du pays, un argument supplémentaire pour affirmer que le Gabon entre dans une phase nouvelle de son histoire. En libérant ces hommes, l’objectif est d’envoyer un message de paix et de cohésion à une population encore marquée par les événements de 2019.
Le président de la transition, Oligui Nguema, a exprimé son soutien à cette proposition. Bien qu’il ait indiqué qu’il cherchait à faire libérer Kelly Ondo Obiang, il a souligné que des contraintes légales l’empêchaient d’agir immédiatement. Ce soutien de la part de l’actuel président pourrait faciliter le passage de cette loi, si elle obtient l’aval des autres acteurs politiques et de la société civile. Toutefois, certains observateurs s’interrogent sur les implications d’une telle amnistie pour la justice et la crédibilité des réformes politiques engagées.
Si la proposition d’amnistie semble répondre à un besoin de réconciliation, elle soulève aussi des interrogations sur l’équilibre entre justice et pardon. Au Gabon, certains estiment qu’il est essentiel de rendre justice pour les actes de rébellion, tandis que d’autres estiment que l’important est de clore définitivement les divisions et de regarder vers l’avenir. Ce débat est symptomatique de la tension qui existe, dans de nombreux pays africains, entre justice, réconciliation et stabilité politique.