La version définitive du projet de nouvelle Constitution du Gabon a été rendue publique le lundi 21 octobre. Le texte révisé, composé de 173 articles, propose de renforcer la limite des mandats présidentiels et d’assouplir légèrement les conditions d’éligibilité. Cette nouvelle mouture vise à instaurer un régime présidentiel plus équilibré, où la stabilité et la limitation du pouvoir semblent être au cœur des réformes envisagées. Le Premier ministre a invité les Gabonais à discuter de ce projet et à se l’approprier en vue du référendum prévu pour le 16 novembre.
Le projet de Constitution introduit un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, avec une interdiction stricte de cumuler plus de deux mandats consécutifs, quel que soit le contexte. Cette disposition vise à répondre aux revendications des acteurs politiques locaux qui militent pour une véritable alternance au sommet de l’État. En parallèle, les critères d’éligibilité ont été légèrement assouplis, requérant désormais qu’un seul des parents du candidat soit né gabonais, contrairement à la version précédente qui en exigeait deux. Cette flexibilité ne s’applique toutefois pas aux descendants ou conjoints des présidents, afin d’éviter toute forme de continuité dynastique.
Ces modifications constitutionnelles interviennent dans un contexte particulier pour le Gabon. Depuis la fin du régime de la famille Bongo, les autorités de la transition cherchent à enraciner un nouvel ordre politique, plus inclusif et transparent. La mention explicite selon laquelle le conjoint et les descendants d’un président ne peuvent se porter candidats à sa succession semble être une référence directe à la succession controversée d’Ali Bongo à son père Omar Bongo en 2009. Cette réforme marque un tournant vers la prévention des dynasties politiques.
Le projet de nouvelle Constitution instaure également un régime présidentiel renforcé, avec un président qui sera assisté par deux vice-présidents et détiendra le pouvoir exécutif. Le président aura la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale, tandis que les parlementaires pourront l’accuser devant la Haute Cour de Justice pour haute trahison. Cette dernière notion, volontairement laissée sans définition précise, offre une certaine latitude pour en juger l’application, laissant la porte ouverte à des interprétations futures.
Parmi les autres changements, le texte consacre le français comme langue officielle de travail et introduit une nouvelle célébration, la “fête de la Libération”, le 30 août, en mémoire du coup d’État qui a mis fin au régime des Bongo père et fils. Cette nouvelle fête vient compléter la fête nationale du 17 août et symbolise la volonté de tourner définitivement la page sur l’ère des Bongo, tout en soulignant l’importance de la transition actuelle.
Ce projet de réforme sera soumis au référendum populaire du 16 novembre. Les autorités espèrent que les Gabonais s’approprieront ce texte et participeront massivement à sa validation. Si adoptée, cette nouvelle Constitution pourrait marquer un tournant décisif dans l’histoire politique du Gabon, en renforçant les mécanismes de gouvernance tout en respectant les aspirations populaires pour une plus grande alternance et transparence.