Gabon: tensions entre gouvernement et opposition autour de la révision des listes électorales,
Le ministre de l’Intérieur a écrit aux gouverneurs du pays pour annoncer le lancement imminent du processus de révision des listes électorales. Un message qui a fait bondir l’opposition qui accuse le gouvernement de ne pas l’avoir consulté. « Le ministre de l’Intérieur lui-même avait pris l’engagement de ne rien démarrer avant d’avoir saisi les partis politiques pour que nous regardions ensemble ce qu’il ne fallait plus faire pour éviter les déboires d’hier », s’est indigné Théophile Makita Niembo, porte-parole de la plateforme PG41, qui regroupe 32 partis d’opposition.
L’opposition accuse le gouvernement de ne pas l’avoir consultée alors que depuis des mois, elle demande des discussions avec le pouvoir afin de réformer le système électoral. « Nous découvrons un matin que les choses ont démarré, ça ne doit pas se passer comme ça ! Ça cache quelque chose cette façon de faire. On a peur pour l’avenir ! Nous avons été écartés de ce qui se prépare, notre devoir est d’appeler l’attention de la communauté internationale sur ce qui se fait maintenant parce que nous ne devons pas être complices de ce qui pourra arriver demain », ajoute M. Niembo.
De son côté, le gouvernement récuse ces accusations et estime que les autorités « appliquent la loi en vigueur » et qu’il n’y a « aucune perfidie ». « Personne au Gabon ne veut revivre de scrutins qui fassent l’objet encore une fois de grosses contestations, dans la rue et en-dehors. Le gouvernement a regardé de quelle manière une discussion peut avoir lieu, mais en attendant l’éventualité de cette discussion, le gouvernement applique la loi. Donc, il n’y a pas de rejet, il y a simplement que l’opposition doit réunir elle-même les conditions d’une discussion apaisée avec le gouvernement et le pouvoir », ajoute le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze.
Le représentant de l’ONU pour l’Afrique centrale inquiet du climat politique pré-électoral
Avec notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma
Au Gabon, le nouveau représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, le Nigérien Abdou Abarry, a annoncé lors d’une conférence de presse qu’il présentera le 9 décembre prochain au Conseil de sécurité de l’ONU son rapport sur la situation politique et sécuritaire en Afrique centrale.
Outre les pays en crise comme la RDC, la Centrafrique et le Tchad, le cas du Gabon, qui organise une élection présidentielle en 2023, figurera dans ce rapport parce que les élections sont souvent source de violences.
« Dans les semaines à venir, je vais engager un certain nombre de discussions, avec tous les acteurs qui peuvent concourir à l’organisation de bonnes élections, discuter avec ceux qui peuvent contribuer à créer un climat de participation, un climat de liberté d’expression, également, et de libre-exercice du jeu démocratique », a-t-il déclaré.
Il est d’ailleurs optimiste : « Je suis personnellement convaincu (…) que les élections de 2023 ne seront pas un moment de péril, mais un moment de consolidation et de renforcement de la dynamique de paix, de la stabilité et de prospérité pour ce pays qui est central pour cette région. »
RFI