Le 15 juillet 2024, le Parlement gambien a rejeté une proposition de loi visant à lever l’interdiction de l’excision et des mutilations génitales féminines (MGF). Cette interdiction, en vigueur depuis 2015, est restée intacte malgré des mois de controverses et de pressions internationales. Les députés ont rejeté tous les amendements proposés qui auraient dépénalisé cette pratique.
La proposition de loi, si elle avait été adoptée, aurait fait de la Gambie le premier pays au monde à annuler une interdiction des MGF, selon les Nations unies. Ce rejet est un soulagement pour les groupes de défense des droits humains et les Nations unies, qui avaient exhorté les députés à rejeter cette loi, arguant qu’elle menaçait des années de progrès en matière de droits des femmes dans le pays.
En 2015, la Gambie avait pris une mesure historique en adoptant la loi sur les femmes (amendement), qui criminalisait les MGF et prévoyait des sanctions sévères pour ceux qui les pratiquent, soutiennent ou encouragent. Cette loi représentait une étape cruciale pour garantir les droits des filles et des femmes en Gambie. Cependant, depuis cette interdiction, seuls deux cas ont été poursuivis, avec la première condamnation prononcée en août 2023.
Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a salué cette décision, mais a souligné la nécessité pour les autorités gambiennes de renforcer l’application de la loi. Elle appelle également à une approche holistique pour s’attaquer aux causes profondes des MGF et changer les attitudes et les normes sociales afin d’autonomiser les filles et les femmes.
Cette proposition de loi a profondément divisé l’opinion publique en Gambie, un pays à majorité musulmane. Le député Almameh Gibba, qui a présenté le texte, a soutenu que l’excision est une pratique culturelle et religieuse profondément enracinée. Toutefois, les MGF, qui incluent l’ablation partielle ou totale du clitoris et d’autres organes génitaux externes, ont des conséquences graves sur la santé des femmes.
La Gambie est l’un des dix pays avec le taux de MGF le plus élevé au monde : 73 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi cette pratique, selon les chiffres de l’Unicef pour 2024. Les MGF entraînent des complications de santé graves, telles que des infections, des saignements, la stérilité et des complications lors de l’accouchement. La lutte contre les MGF en Gambie doit se poursuivre avec des efforts accrus pour protéger les droits et la santé des femmes.