Le gouvernement ghanéen, dirigé par John Mahama, annonce un programme d’austérité sans précédent dans le but de restaurer la stabilité financière du pays. Face à une dette de 8,7 milliards de dollars à rembourser d’ici 2028 et un PIB en ralentissement, l’exécutif met en place une série de réformes fiscales et budgétaires destinées à réduire les déficits et à renforcer la gestion des finances publiques.
Les mesures proposées sont ambitieuses et comportent des suppressions fiscales notables, dont l’abolition de la taxe sur les transactions électroniques (E-Levy) et de la taxe covid-19, mais elles s’accompagnent de mécanismes compensatoires. Le gouvernement prévoit ainsi de réduire le plafond des remboursements fiscaux de 6% à 4% des recettes, générant une économie significative de 245 millions de dollars. Parallèlement, une réforme en profondeur de l’administration fiscale est engagée pour améliorer la collecte des impôts et optimiser les ressources publiques.
Cette politique intervient dans un contexte économique tendu, où le Ghana peine à redresser une économie marquée par une inflation élevée et une faible croissance. Malgré des promesses de redressement, la réalité économique demeure préoccupante, avec des taux d’inflation dépassant les 20%. Le pays, toujours sous assistance du FMI, se trouve dans une situation de vulnérabilité accrue, contraint de rationaliser ses dépenses tout en cherchant à rassurer les investisseurs internationaux.
Le gouvernement mise sur une croissance économique d’au moins 4% et une inflation réduite à 11,9% d’ici la fin de l’année 2025. Toutefois, ces objectifs restent fragiles, compte tenu des contraintes économiques et des incertitudes liées aux mesures d’austérité. La réussite de ces réformes dépendra largement de la capacité du gouvernement à gérer les effets sociaux et économiques de ces ajustements, tout en assurant la stabilité politique et sociale du pays.
La mise en œuvre de ces réformes pourrait entraîner des tensions sociales, notamment en raison des coupes budgétaires qui affecteront des programmes jugés non essentiels, comme YouStart ou One District One Factory. Bien que le gouvernement cherche à rationaliser les dépenses publiques, les sacrifices demandés aux citoyens et aux entreprises pourraient engendrer un mécontentement populaire. La gestion de cette austérité sera donc un défi majeur pour l’administration Mahama.
La réforme du secteur énergétique, crucial pour l’économie ghanéenne, constitue également un élément central du plan de redressement. Les autorités prévoient une renégociation des contrats des producteurs d’électricité indépendants et une révision du cadre fiscal énergétique pour alléger la dette énergétique. Cependant, ces réformes risquent d’être complexes et pourraient rencontrer des résistances de la part des acteurs du secteur.
Le ministre des Finances, Cassiel Ato Forson, reste confiant malgré les défis. Si le gouvernement parvient à maîtriser l’impact de ces réformes sur la population et à restaurer la confiance des investisseurs, le pays pourrait se redresser. Cependant, le Ghana doit éviter de trop se replier sur lui-même au risque de compromettre ses objectifs de croissance et de stabilité, dans un contexte mondial incertain.