La Banque africaine de développement (BAD) a achevé une mission stratégique d’une semaine au Ghana, marquant ainsi sa première collaboration d’envergure avec le nouveau gouvernement de John Dramani Mahama. Cette visite visait à établir les bases d’un partenariat aligné sur les priorités économiques du pays, notamment en matière d’infrastructures, de transformation industrielle et de mobilisation du financement local à long terme.
Dirigée par Solomon Quaynor, vice-président chargé du secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation, la délégation de la BAD a rencontré une large gamme d’acteurs institutionnels et privés : ministères, autorités de régulation, banques, bourse, gestionnaires de fonds de pension, et entreprises. Un forum de haut niveau a été organisé à Accra pour explorer des solutions concrètes de mobilisation du capital local, en particulier les actifs des fonds de pension, pour financer les infrastructures nationales.
Ce rapprochement s’inscrit dans un contexte où le Ghana cherche à relancer son économie après plusieurs années de turbulences financières, de pressions inflationnistes et d’endettement préoccupant. L’élection de Mahama, avec un programme axé sur la réindustrialisation et la valorisation des ressources locales, représente une opportunité de repositionnement stratégique pour le pays. La BAD, acteur clé du financement du développement sur le continent, voit dans cette conjoncture un moment propice pour renforcer sa présence.
La Banque a annoncé son intention de soutenir le programme d’« Économie 24h/24 » du gouvernement ghanéen, notamment par la promotion de zones industrielles intégrées dans le textile, l’agroalimentaire et la fabrication légère. L’appui portera également sur le développement des transports fluviaux dans le corridor économique du Volta. La BAD accompagnera par ailleurs la révision des politiques de données et le renforcement de la cybersécurité, en coopération avec le ministère de l’Innovation numérique.
Un axe clé de la stratégie annoncée repose sur la création de mécanismes de bonification de crédit et de partage de risques, afin d’inciter les fonds de pension à investir dans des projets d’infrastructures. Ce modèle, déjà éprouvé au Nigéria (InfraCredit) et au Kenya (Dhamana), vise à libérer un capital domestique jusque-là peu mobilisé pour le financement du développement.
La mission s’est conclue sur des engagements bilatéraux fermes, traduisant une convergence claire entre les ambitions du gouvernement et les capacités d’intervention de la BAD. L’institution a réaffirmé sa volonté de s’impliquer dans les projets structurants, en particulier dans les infrastructures routières, portuaires et industrielles. « Le dynamisme et la clarté de vision des autorités ghanéennes nous donnent confiance dans la réussite de ce partenariat », a déclaré Solomon Quaynor.
Au-delà des annonces, la BAD mise sur un ancrage durable au Ghana, à travers un soutien technique, financier et institutionnel. Les domaines d’investissement identifiés — logistique, énergie, agriculture, finance — illustrent le potentiel d’un développement endogène porté par le secteur privé. La présence de hauts responsables sectoriels dans la délégation témoigne de la volonté de la Banque d’agir de manière coordonnée et intégrée pour soutenir la transformation économique du pays.