Après deux jours de négociations à Londres, les représentants chinois et américains ont annoncé, dans la nuit du 10 au 11 juin, avoir trouvé un accord de principe sur un cadre général destiné à apaiser leurs différends commerciaux. Cet accord doit encore être validé par les présidents Xi Jinping et Donald Trump, avant toute mise en œuvre concrète.
Le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, a précisé que ce compromis reste conditionné à l’approbation des deux chefs d’État. « Nous allons rentrer, parler avec le président Trump et nous assurer qu’il approuve », a-t-il indiqué, précisant que la Chine adoptera une démarche identique auprès de Xi Jinping. Côté chinois, le représentant Li Chenggang a confirmé l’existence d’un cadre commun, fruit d’intenses discussions.
Mais sur le terrain, les effets de cette guerre sont déjà visibles. En réponse aux droits de douane imposés par Washington, Pékin a réorienté une part significative de ses exportations vers l’Asie du Sud-Est. Entre janvier et mai, les ventes chinoises vers le Vietnam ont progressé de 19 %, vers la Thaïlande de 21 %, et vers l’Indonésie de près de 17 %. Un redéploiement stratégique face aux restrictions américaines.
Pour contourner les barrières tarifaires, la Chine expédie de plus en plus ses composants électroniques, pièces détachées ou machines-outils vers des usines situées au Vietnam, en Thaïlande ou en Indonésie. Une fois transformés ou assemblés localement, ces produits changent juridiquement d’origine, ce qui leur permet parfois de retourner sur le marché américain sans être soumis aux mêmes sanctions douanières. Ce mécanisme, bien que légal s’il respecte certaines conditions, suscite des critiques croissantes.
Des soupçons de transbordement — reconditionnement minimal sans transformation réelle — pèsent notamment sur l’Indonésie. En réponse, Jakarta promet de renforcer ses contrôles douaniers. La Thaïlande et la Malaisie ont déjà dû faire face à des accusations similaires par le passé. Mais dans une économie mondialisée, tracer l’origine réelle d’un produit reste un exercice complexe.
Au-delà des tactiques d’évitement, cette évolution révèle une tendance structurelle. Pour de nombreux analystes, les sanctions américaines n’ont pas isolé la Chine. Elles ont, au contraire, renforcé ses liens avec une Asie du Sud-Est qui, avec ses plus de 700 millions de consommateurs, devient un partenaire incontournable. Pékin s’y assure non seulement des débouchés commerciaux, mais aussi des relais industriels en pleine montée en puissance.