Le 12 avril, à Boké, les autorités de la transition en Guinée ont organisé une « marche de la paix » pour soutenir la candidature de Mamadi Doumbouya à l’élection présidentielle. Bien que Doumbouya n’ait pas encore annoncé officiellement sa candidature, cette initiative est perçue comme un signal fort de sa volonté de briguer la présidence. En parallèle, Cellou Dalein Diallo, leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a pris la parole, depuis son exil à Dakar, pour critiquer ouvertement la gestion de la transition par le gouvernement militaire.
Dans son discours, Diallo a rappelé qu’il avait initialement soutenu la junte après le coup d’État de septembre 2021, mais il exprime désormais sa déception face à un certain nombre de promesses non tenues. Selon lui, Mamadi Doumbouya et les autres membres de la transition avaient assuré qu’aucun responsable de la junte ne se présenterait à la présidentielle, un engagement qu’ils n’ont pas respecté. Il dénonce également les violences qui ont marqué les manifestations depuis le coup d’État, incluant les tueries de manifestants et les disparitions forcées, des accusations qui ternissent la réputation du gouvernement militaire.
Ce discours s’inscrit dans un contexte politique particulièrement tendu, où les opposants au régime dénoncent un manque de transparence et de respect des engagements pris par les autorités de la transition. En plus des violences, Cellou Dalein Diallo s’attaque à la manière dont le référendum constitutionnel et les élections futures seront organisés. En effet, le ministère de l’Administration du territoire (MATD) a été désigné pour organiser ces élections, une décision qui a été largement contestée. Les partis politiques, notamment ceux de l’opposition, réclament la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI), accusée d’être plus impartiale.
Les perspectives politiques en Guinée sont aujourd’hui incertaines. Les élections de fin 2025, prévues pour marquer la fin de la transition, sont perçues par plusieurs observateurs comme un moment crucial pour l’avenir politique du pays. Toutefois, avec l’absence d’une CENI indépendante, il y a des craintes sur la régularité des scrutins et la possibilité de violences électorales. En outre, la tension entre les partisans de la transition et les opposants pourrait encore se renforcer à mesure que l’élection approche, rendant les mois à venir particulièrement décisifs pour la stabilité du pays.
La position de Cellou Dalein Diallo, qui se veut un porte-voix de la contestation, est soutenue par de nombreux militants de l’UFDG. En dépit de son exil, il reste une figure centrale de l’opposition en Guinée, dénonçant ce qu’il appelle une « mascarade électorale ». Cette situation soulève des interrogations sur la capacité des autorités de la transition à organiser des élections crédibles et sur la manière dont elles comptent répondre aux attentes de la population guinéenne en matière de justice et de droits humains.
À l’heure actuelle, la Guinée semble à un tournant. La question de la transparence électorale et du respect des engagements de la junte sera au cœur des débats dans les mois à venir. Pour beaucoup, les élections de 2025 seront un test de la véritable volonté des autorités militaires de rendre le pouvoir au peuple, comme elles s’y étaient engagées après le coup d’État de 2021.