Les autorités guinéennes soupçonnent les ports de pêche de Conakry, en particulier celui de Matam, d’être des plaques tournantes pour l’importation de drogue. Cette zone, où réside une importante communauté de Sierra-Léonais, a été le théâtre d’une opération sécuritaire de grande ampleur. Plusieurs dizaines de ressortissants de Sierra Leone ont été interpellés puis expulsés vers leur pays d’origine, suscitant une vive réaction diplomatique de Freetown.
Face à ces expulsions musclées, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a exprimé ses préoccupations concernant le traitement infligé à ses compatriotes. Le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, s’est rendu mardi à Freetown pour apaiser les tensions. Cette démarche a permis de désamorcer en partie la crise, même si les relations restent sensibles.
Le procureur de la cour d’appel de Conakry a rejeté toute accusation de ciblage discriminatoire envers les Sierra-Léonais. Selon une source judiciaire, les forces de l’ordre ont interpellé des individus suspectés de délinquance, parmi lesquels figuraient, après vérifications, plusieurs ressortissants sierra-léonais. Cette clarification vise à dissiper les malentendus entre les deux pays voisins.
Malgré cet incident, les autorités guinéennes entendent poursuivre leur opération de « déguerpissement des zones criminogènes ». Selon le procureur, Conakry compte plus de 400 sites identifiés comme problématiques, répartis dans ses 13 communes. Cette campagne sécuritaire devrait s’étendre aux principales villes régionales, telles que Kindia, Boké et Mamou, dans les semaines à venir.
Cette vaste opération, bien qu’ambitieuse, met en lumière les défis sécuritaires et diplomatiques auxquels la Guinée est confrontée. Elle pose également la question de l’équilibre entre la lutte contre la criminalité et le respect des droits des populations vulnérables, notamment les communautés étrangères établies dans le pays.