En Guinée, les partis politiques ont jusqu’au mercredi 29 janvier pour se conformer aux nouvelles exigences imposées par la Transition dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya. Cette mesure intervient après qu’un rapport publié en octobre 2024 a révélé des lacunes flagrantes dans leur fonctionnement, conduisant à la dissolution de 53 formations et à la mise sous observation d’une centaine d’autres. Parmi les partis concernés figurent les principales forces politiques du pays, désormais sommées de prouver leur conformité.
Selon le ministère de l’Administration du territoire, l’objectif affiché de cette opération est de « restructurer l’échiquier politique guinéen ». Sur les 211 partis examinés en 2024, aucun n’a été jugé conforme. Les principales irrégularités relèvent d’un manque de transparence dans les financements et d’une absence de congrès internes réguliers, conditions pourtant requises par la législation en vigueur. Cette campagne s’accompagne d’audits financiers pour les partis encore sous observation.
Depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Doumbouya en 2021, la Guinée traverse une période de transition marquée par des réformes institutionnelles et politiques. La dissolution de partis s’inscrit dans un contexte où le pouvoir cherche à renforcer son contrôle sur les institutions et à encadrer les activités politiques. Cependant, ces mesures ne sont pas sans soulever des inquiétudes parmi l’opposition, qui y voit une tentative d’éliminer des adversaires sous couvert de légalité.
Les grandes formations politiques, souvent critiques à l’égard du régime, dénoncent une instrumentalisation des lois pour restreindre leur influence. Plusieurs responsables affirment que la réorganisation actuelle pourrait davantage servir à consolider le pouvoir de la junte qu’à véritablement assainir le paysage politique. En revanche, des partis proches du régime, tels que le Parti de l’Espoir pour le développement national (PEDN), se montrent plus favorables à l’initiative, arguant de la nécessité de respecter les normes en vigueur.
Pour Mohamed Cissé, porte-parole du PEDN, les réformes engagées sont un mal nécessaire. Le PEDN, bien que placé sous observation, a déjà procédé à un audit financier et organisé un congrès afin de répondre aux exigences légales. Cependant, Cissé insiste sur la nécessité d’appliquer ces règles « sans nuire à un parti », un message à l’intention des autorités face aux accusations de favoritisme.
Alors que l’échéance approche, l’incertitude règne sur le sort des partis n’ayant pas encore régularisé leur situation. La dissolution de formations pourrait modifier en profondeur la configuration politique guinéenne, au risque de marginaliser davantage une opposition déjà affaiblie. Les observateurs s’interrogent sur la capacité du régime à conjuguer réforme et pluralisme dans un climat de méfiance généralisée.