Le Conseil national de la transition en Guinée a dévoilé, dans la nuit du 11 au 12 août, un projet de Constitution qui propose de limiter le pouvoir du président à deux mandats de cinq ans. Cette initiative, annoncée dans un contexte post-coup d’État, pourrait marquer la fin de la transition dirigée par le général Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis septembre 2021.
Le texte, publié en ligne à 00h20, reprend plusieurs éléments présentés lors d’une conférence de presse le 29 juillet dernier. La principale nouveauté est l’instauration d’un système bicaméral avec la création d’un Sénat, en plus de l’Assemblée nationale. Concernant la présidence, l’article 44 stipule que le mandat présidentiel sera de cinq ans, renouvelable une seule fois. De plus, la nouvelle Constitution précise qu’aucun individu ne pourra exercer plus de deux mandats au cours de sa vie.
Malgré ces limitations, la situation du général Mamadi Doumbouya reste incertaine. Alors que la charte de la transition actuelle lui interdit de se présenter aux futures élections, cette restriction n’apparaît pas dans le projet de Constitution. Le président du Conseil national de la transition, Dansa Kourouma, a justifié cette absence en expliquant que la Constitution doit rester générale et intemporelle, sans cibler des individus spécifiques.
L’absence de mention explicite concernant Mamadi Doumbouya dans le projet de Constitution laisse la porte ouverte à une possible candidature de ce dernier aux prochaines élections. Cette perspective soulève des interrogations sur l’avenir politique du pays et pourrait provoquer des tensions dans un contexte où la population aspire à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Par ailleurs, sur les questions des droits et libertés, le projet de Constitution reprend certaines dispositions progressistes de celle de 2020, comme l’interdiction de la peine de mort et des mutilations génitales féminines. Cependant, ces avancées contrastent avec la récente arrestation des deux leaders du Front national de défense de la Constitution (FNDC), Billo Bah et Oumar Sylla alias « Foniké Mengué », le 9 juillet dernier, en dehors de tout cadre juridique.
En réaction à ces arrestations, le comité d’organisation des Forces vives de Guinée avait appelé à une journée ville morte ce lundi à Conakry. Cependant, cet appel a été peu suivi, la majorité des commerces et services étant restés ouverts malgré une présence policière renforcée. Cette faible mobilisation s’explique en partie par l’interdiction des manifestations et par la présence policière accrue dans les zones stratégiques de la ville.