Le président burkinabè Ibrahim Traoré a accusé certaines puissances étrangères de chercher à diviser les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). À l’occasion de la première cérémonie officielle marquant l’adoption de l’hymne de la Confédération, il a affirmé que des pressions sont exercées « chaque jour » pour rompre l’unité entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Lors de la montée des couleurs organisée pour lancer l’hymne officiel de l’AES, Ibrahim Traoré n’a pas mâché ses mots : « Nous sommes approchés tous les jours par ces impérialistes pour amener un des trois à trahir les autres. » Il a ajouté que malgré ces manœuvres, les chefs d’État des trois pays restent fermement engagés à préserver leur alliance. Pour lui, la solidarité est la seule voie possible pour affronter les défis communs que sont l’insécurité, la pression diplomatique et l’isolement régional.
La création de l’AES en septembre 2023 est intervenue dans un moment de tension entre les régimes militaires du Sahel et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Rejetant les sanctions et l’agenda politique jugé hostile de cette organisation, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont acté leur retrait et posé les bases d’une coopération régionale alternative. Ce tournant, salué par certains comme un acte de souveraineté, est vivement critiqué par d’autres pour son isolement stratégique.
En appelant à « la réflexion et à la résilience », Ibrahim Traoré cherche à renforcer l’identité politique de la Confédération. L’adoption d’un hymne commun s’inscrit dans cette logique de construction d’un projet collectif. Mais cette volonté d’unité se heurte à de nombreuses fragilités : absence d’une feuille de route claire, défis sécuritaires persistants, et pressions internationales. Le président burkinabè en est conscient : « C’est difficile de s’unir. Mais c’est la solution », a-t-il martelé.
Le ton employé par Traoré traduit une posture de défiance revendiquée face aux anciennes puissances coloniales et aux organisations internationales. Ce discours, qui s’inscrit dans une rhétorique souverainiste de plus en plus ancrée au Sahel, vise aussi à consolider sa légitimité auprès de sa population. En érigeant l’unité régionale en priorité stratégique, il tente de rallier les opinions publiques autour d’un projet commun, malgré les difficultés.
L’hymne de l’AES n’est pas qu’un simple chant. Il est un outil politique destiné à créer une mémoire collective et à nourrir un sentiment d’appartenance. Dans des pays marqués par des transitions militaires et une crise de légitimité institutionnelle, la construction de symboles partagés comme l’hymne ou la montée des couleurs devient un levier d’adhésion. Mais encore faut-il que cette cohésion symbolique trouve un écho dans des actes concrets sur le terrain politique, économique et sécuritaire.