Le 14 mars 2024 marque une étape cruciale pour la politique tchadienne avec le début de la campagne présidentielle, voyant le retour de l’opposant Succès Masra. L’ancien économiste de la Banque Africaine de Développement, après un an d’exil, fait son entrée en scène avec confiance, affirmant être le favori des sondages pour les élections du 6 mai.
Dès le premier jour de campagne à N’Djamena, Masra se lance dans ce qu’il appelle le “laléko présidentiel”, saluant les citoyens à travers la capitale. Accompagné de foules enthousiastes et d’un cortège impressionnant, il partage son optimisme : “Nous sommes majoritaires, je dirais, nous sommes favoris, tous les sondages me donnent vainqueur dès le premier tour”.
Ce retour est le fruit d’un contexte politique complexe. Après avoir boycotté un dialogue national et contesté le report des élections initialement prévues pour clore 18 mois de transition suite à la mort du président Idriss Deby, Masra a dû fuir le Tchad en octobre 2022. Sa résistance avait conduit à des manifestations d’envergure, réprimées violemment, aboutissant à son exil.
Des négociations à Kinshasa, avec le président congolais Félix Tshisekedi comme médiateur, ont finalement abouti à un accord en octobre 2023. Cet accord, prévoyant le retour des exilés et une amnistie générale, a permis à Masra de revenir au Tchad et de participer au processus électoral en cours.
Fort de son expérience internationale et de son engagement auprès de la jeunesse, Masra propose un programme axé sur la justice sociale et l’équité. Sa campagne se veut un signe de renouveau, notamment en s’opposant aux pratiques du passé et en visant une transformation radicale du paysage politique tchadien.
Selon le Dr. Remadji Hoinathy, chercheur à l’Institut d’études de sécurité de Ndjaména, Masra a su capturer l’attention grâce à une stratégie innovante, en particulier en ciblant la jeunesse mécontente. Son approche, à la fois radicale et engagée, lui a permis de se distinguer parmi les figures de l’opposition tout en évitant les compromissions qui ont discrédité d’autres politiques. Reste à voir comment son refus initial du dialogue influencera sa capacité à naviguer dans le paysage politique complexe du Tchad durant et après la transition.