Près d’une décennie après son arrivée au pouvoir, Justin Trudeau fait face à une chute historique de sa popularité, marquée par sa récente démission. Sa cote d’approbation atteint un creux record de 16 % selon les sondages, un score qui illustre l’ampleur de la désillusion qui s’est installée au sein de la population canadienne. Cette déchéance politique s’inscrit dans un contexte où plusieurs facteurs internes et externes se sont conjugués pour affaiblir durablement le Premier ministre.
L’usure du pouvoir, combinée à un style de gestion jugé moralisateur, a largement contribué à l’érosion de l’image de Justin Trudeau. En 2015, il incarnait l’énergie et le progrès, défendant des valeurs telles que le féminisme et l’ouverture à l’immigration. Pourtant, son approche clientéliste et ses nombreuses excuses publiques ont fini par irriter une partie des Canadiens, qui ont perçu un manque de profondeur dans son leadership. L’inflation persistante, aggravée par la crise du logement et les inégalités intergénérationnelles, a également alourdi le bilan de son mandat.
Au-delà des choix politiques, Justin Trudeau a dû composer avec des circonstances difficiles. La pandémie et ses conséquences économiques ont fragilisé de nombreux gouvernements, et le Canada n’a pas fait exception. Des perturbations des chaînes d’approvisionnement à l’inflation mondiale, ces phénomènes ont accru le sentiment d’incertitude chez les ménages. Sur le plan local, l’immigration irrégulière et les tensions avec les provinces, notamment le Québec, ont exacerbé les critiques envers le gouvernement libéral.
Les défis de la dernière décennie laissent le Parti libéral dans une position précaire. L’accord avec le Nouveau Parti démocratique, bien qu’il ait permis des avancées comme le Régime canadien de soins dentaires, a renforcé l’image d’un agenda progressiste déconnecté des préoccupations économiques des Canadiens. Avec une opposition conservatrice en embuscade et une population désabusée, l’avenir des libéraux s’annonce incertain, nécessitant une refonte profonde de leur programme.
Plusieurs experts soulignent la déconnexion croissante entre Justin Trudeau et les Canadiens. Pierre Martel évoque une mauvaise gestion des priorités économiques, malgré des réussites comme la légalisation du cannabis ou la réduction de la pauvreté. La gestion de la dette publique et l’incapacité à rétablir la confiance des citoyens dans le pouvoir d’achat ont terni l’héritage du Premier ministre. À cela s’ajoute l’impact de la désinformation, qui a compliqué la compréhension des politiques gouvernementales.
Malgré des critiques sévères, le gouvernement Trudeau laisse derrière lui certaines réalisations marquantes. L’Allocation canadienne pour enfants, saluée pour son impact positif sur la classe moyenne, en est un exemple. Cependant, les tensions avec les provinces, l’opposition à la Loi sur la laïcité au Québec et les échecs dans la gestion de l’immigration restent des points de discorde majeurs. Alors que Justin Trudeau tourne la page, son parcours invite à réfléchir sur les défis et les responsabilités du pouvoir dans un contexte mondial de plus en plus complexe.