Lors de son entretien avec Emmanuel Macron, le président tunisien Kaïs Saïed a réclamé avec insistance la restitution des fonds détournés au peuple tunisien. Une demande qui vient rappeler les enjeux économiques cruciaux pour la Tunisie, qui lutte pour surmonter la crise financière et sociale qu’elle traverse. Ce sujet a dominé les discussions entre les deux chefs d’État, aux côtés d’autres dossiers internationaux sensibles, comme la crise palestinienne et la traite des êtres humains.
Kaïs Saïed a souligné que les mécanismes judiciaires existants ne permettraient de récupérer que des “miettes” des richesses spoliées par des élites corrompues. Pour le président tunisien, il est impératif de mettre en place de nouveaux dispositifs afin de restituer une part plus substantielle de ces fonds, estimés à plusieurs milliards de dollars. L’exigence tunisienne repose sur la conviction que ces ressources ont été indûment transférées à l’étranger, notamment vers la France, et doivent être réinvesties pour le bien-être du peuple tunisien.
Cette demande s’inscrit dans un contexte de méfiance croissante entre la Tunisie et certains pays occidentaux, notamment la France. Depuis la révolution de 2011, la Tunisie peine à se relever économiquement, et les inégalités sociales restent profondes. La question de la restitution des fonds détournés est ainsi devenue un symbole de la lutte contre la corruption et de la quête de justice économique. La Tunisie considère désormais cette restitution comme un pilier central de sa souveraineté économique.
Si les appels à la restitution des fonds se multiplient, il reste à voir comment la communauté internationale réagira. Le dialogue entre la France et la Tunisie pourrait aboutir à la mise en place de nouvelles solutions diplomatiques, mais la tâche semble complexe. Les institutions françaises devront convaincre l’opinion publique de l’importance d’un tel geste, tout en tenant compte des contraintes diplomatiques et économiques. Dans un contexte mondial marqué par la guerre en Ukraine et des tensions croissantes en Afrique du Nord, cette demande pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières tunisiennes.
Outre la question des fonds, l’entretien entre Saïed et Macron a abordé deux autres sujets internationaux majeurs. Le président tunisien a réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, qualifiant les violences actuelles de “guerre d’extermination” contre le peuple palestinien. Il a également insisté sur la nécessité de lutter contre les réseaux criminels de traite des êtres humains qui opèrent entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, mettant en lumière un fléau qui touche plusieurs pays méditerranéens.
Kaïs Saïed a fermement rejeté l’idée que son pays puisse être utilisé comme un point de transit pour les réseaux de traite des êtres humains ou de trafic d’organes. Il a souligné que la Tunisie était déterminée à coopérer avec ses voisins et les autorités internationales pour démanteler ces réseaux, en garantissant une protection renforcée pour les migrants et réfugiés. Ce discours témoigne d’une volonté de la part de la Tunisie de redéfinir son rôle en Afrique du Nord et de renforcer ses engagements régionaux.