Le 1er octobre, l’Assemblée nationale du Kenya a jugé recevable une motion de destitution contre le vice-président Rigathi Gachagua. Cette décision, prise par le président de l’Assemblée, marque une étape cruciale dans la procédure. Avec 291 signatures, soit bien au-delà de la majorité des deux tiers exigée, cette motion reproche à Gachagua d’avoir violé la Constitution kényane ainsi que plusieurs lois nationales et internationales.
Cette motion, qui comporte onze chefs d’accusation, a été introduite par Mengi Mutuse, député de la majorité présidentielle. Le document de plus de 100 pages souligne des manquements graves, notamment des propos tenus par Gachagua l’année précédente, qui auraient favorisé des divisions ethniques. Le vice-président avait comparé la gestion de l’État à une entreprise où seuls certains groupes ethniques bénéficieraient de privilèges, ce qui a soulevé des critiques concernant l’unité nationale.
Pour bien comprendre cette affaire, il faut rappeler le climat politique tendu au Kenya. Depuis plusieurs mois, des manifestations contre le gouvernement de William Ruto, dans lesquelles Gachagua aurait joué un rôle indirect, se sont multipliées. Le vice-président est accusé d’avoir soutenu ces protestations de juin dernier, affaiblissant ainsi l’autorité présidentielle. De plus, une affaire judiciaire l’oppose à une juge de la Haute Cour, qu’il aurait publiquement critiquée, compromettant ainsi l’indépendance de la justice.
L’avenir politique de Rigathi Gachagua semble incertain, d’autant plus que des accusations d’acquisitions illégales planent sur lui. Selon les députés signataires, le vice-président aurait détourné plus de 35 millions d’euros à travers des membres de sa famille, une allégation qui alourdit son dossier et qui pourrait jouer un rôle clé dans sa destitution potentielle.
La prochaine étape de cette procédure consiste pour le président de l’Assemblée à soumettre la motion au Sénat. Si celui-ci valide le texte, une commission d’enquête indépendante sera formée pour examiner plus en détail les accusations portées contre Rigathi Gachagua. Cette enquête déterminera si les accusations sont fondées et si le vice-président pourra être démis de ses fonctions.
Les perspectives restent floues. Si la commission confirme les accusations, cela pourrait entraîner la destitution de Gachagua et ébranler la stabilité du gouvernement de William Ruto. Il sera également intéressant de voir si cette procédure est un signe d’un rééquilibrage des pouvoirs au sein de la coalition présidentielle ou simplement une manœuvre politique.