Le 11 août dernier, à Addis-Abeba, la Banque africaine de développement (BAD) a accordé un crédit de 500 millions de dollars pour le développement d’un nouvel aéroport international à Bishoftu, situé à une quarantaine de kilomètres au sud-est de la capitale éthiopienne. Ce financement s’inscrit dans un projet ambitieux dont l’objectif est de faire de l’Éthiopie le principal hub aérien d’Afrique. La BAD, par ce soutien, entend attirer davantage d’investissements dans cette infrastructure de 10 milliards de dollars.
L’accord signé entre la BAD et Ethiopian Airlines, représentée par son directeur commercial Nesfin Tasew Bekele, marque une étape décisive dans la mise en place du projet. La banque panafricaine considère ce nouvel aéroport comme un élément clé pour l’intégration régionale. Une fois le projet achevé en 2029, la capacité de l’aéroport devrait quadrupler celle de l’actuel aéroport de Bole, qui peine déjà à répondre à la demande, avec 25 millions de passagers par an. Le nouvel aéroport, une fois opérationnel, pourra accueillir jusqu’à 110 millions de passagers, plaçant l’Éthiopie dans la cour des grands hubs aéroportuaires mondiaux, aux côtés de Dubaï, Casablanca et Johannesburg.
Ce projet s’inscrit dans un contexte où l’Éthiopie cherche à renforcer sa position stratégique sur le continent africain. En tant qu’un des pays les plus dynamiques économiquement en Afrique de l’Est, l’Éthiopie a toujours misé sur l’infrastructure pour soutenir sa croissance. Ce nouvel aéroport, à la fois un projet d’envergure nationale et régionale, vise à dynamiser le tourisme et les échanges commerciaux. Le rôle de Ethiopian Airlines, fleuron de l’économie éthiopienne, est central, l’entreprise s’engageant à hauteur de 2 milliards de dollars dans le projet.
L’une des principales ambitions de ce projet est de doubler les arrivées de touristes en dix ans, comme l’a souligné le ministre éthiopien des Finances. Cette expansion est vue comme un levier pour diversifier l’économie du pays, au-delà de l’agriculture, et positionner l’Éthiopie comme un leader régional dans le secteur aérien. Le projet devrait aussi renforcer les liens avec les autres pays africains, notamment par des facilités d’accès accrues pour les voyageurs en provenance de tout le continent.
Cependant, ce méga-projet comporte des défis. L’ampleur du financement nécessaire – 8 milliards de dollars supplémentaires sont attendus pour compléter l’aéroport – exige une mobilisation d’acteurs internationaux. La BAD, en accordant un crédit de 500 millions de dollars, espère entraîner d’autres créanciers à participer. De plus, l’implantation du nouvel aéroport ne sera pas sans conséquences pour les populations locales, notamment les agriculteurs déplacés pour permettre le développement des infrastructures. L’Éthiopie devra veiller à gérer avec soin ces impacts sociaux et environnementaux tout en atteignant ses objectifs de croissance.
Ce projet place l’Éthiopie au cœur de la transformation du secteur du transport aérien en Afrique. En améliorant la connectivité régionale et internationale, l’aéroport de Bishoftu pourrait devenir un moteur majeur pour le développement économique de la région. Néanmoins, l’Afrique demeure confrontée à des défis liés à l’interconnectivité et à la compétitivité de ses infrastructures. L’Éthiopie, en réussissant ce projet, pourrait offrir un modèle pour d’autres pays du continent qui cherchent à moderniser leurs infrastructures aéroportuaires.