Lors du sommet de la Cédéao à Abuja, les chefs d’État ont confirmé la décision de mettre fin à l’adhésion du Mali, du Burkina Faso et du Niger à l’organisation ouest-africaine. Une période de transition de six mois débutera le 29 janvier 2025, durant laquelle ces trois pays mettront en œuvre leur retrait définitif, prévu pour le 30 juillet 2025. Cette décision marque un tournant dans les relations entre ces pays sahéliens et l’institution régionale.
Le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, a été mandaté pour superviser ce processus de sortie. Ce dernier devra gérer plusieurs aspects pratiques et administratifs, tels que la situation des employés contractuels originaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, ainsi que le déménagement des agences communautaires installées dans ces pays. Le défi sera de maintenir l’intégrité de l’organisation tout en facilitant une transition sans heurts pour les employés et les structures affectées.
La rupture entre ces trois pays et la Cédéao intervient dans un contexte politique tendu. Depuis 2022, les trois pays, dirigés par des juntes militaires, ont progressivement rompu avec l’ordre démocratique et institutionnel défendu par l’organisation régionale. L’intention de ces gouvernements de quitter la Cédéao s’inscrit dans un rejet des sanctions économiques et politiques imposées à leurs régimes après les coups d’État. Cette décision ne fait que formaliser un écart qui s’est déjà matérialisé par une série d’actions hostiles envers l’organisation.
Le départ des trois pays de la Cédéao ouvre la voie à des répercussions géopolitiques notables. La Cédéao devra réajuster sa stratégie de sécurité et de coopération régionale, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et de gestion des crises humanitaires dans le Sahel. De leur côté, le Mali, le Burkina Faso et le Niger devront repenser leurs relations avec d’autres partenaires, en particulier avec la Russie, qui a gagné en influence dans la région, ainsi qu’avec la Chine et d’autres acteurs internationaux.
Bien que la sortie soit désormais actée, des appels à la médiation continuent d’être lancés. À la demande du Sénégal et du Togo, des efforts diplomatiques seront maintenus pour tenter de convaincre ces pays de revenir sur leur décision. Toutefois, la communauté internationale, notamment l’Union européenne et les États-Unis, pourrait intensifier sa pression sur ces régimes, en attendant de voir si les discussions engagées par les médiateurs aboutiront à un compromis avant la date limite de fin juillet 2025.
Lors de ce sommet, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a mis l’accent sur l’unité et la solidarité entre les membres de la Cédéao. Cependant, ce discours de rassemblement n’a pas inclus de mention particulière du cas de l’ex-président nigérien Mohamed Bazoum, toujours détenu à Niamey malgré une décision favorable de la Cour de Justice de la Cédéao. Cette absence de prise de parole sur ce sujet sensible pourrait renforcer les critiques de l’organisation et des observateurs internationaux quant à la gestion des questions de droits de l’homme au sein de la Cédéao.