L’Economic Community of West African States (CEDEAO) reste fermement attachée à son projet de lancer la monnaie commune, l’Eco, d’ici 2027, malgré les défis considérables rencontrés. Cette initiative vise à renforcer l’intégration économique de la région et à faciliter les échanges commerciaux entre ses 15 pays membres. Selon Mohammed Manga, directeur de l’information et des relations publiques au ministère des Finances du Nigéria, cette ambition a été confirmée lors de la 11e réunion du Conseil de convergence de la CEDEAO à Abuja, réunissant ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales.
Le projet de la monnaie Eco, adopté officiellement en 2019 par les chefs d’État de la CEDEAO, est conçu pour simplifier les transactions commerciales et créer un espace économique plus stable et attractif pour les investissements étrangers. Initialement prévu pour 2020, son lancement a été repoussé en raison de disparités économiques, de défis fiscaux et de divergences politiques au sein de la région. Le projet se divise en deux phases : dans un premier temps, la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (WAMZ) adopterait l’Eco, avant sa fusion avec le franc CFA des pays de l’UEMOA.
Ce projet s’inscrit dans un contexte historique où la CEDEAO cherche à renforcer son indépendance économique et réduire la dépendance de certains pays vis-à-vis de la France, notamment les États membres de l’UEMOA. La crise économique persistante, caractérisée par des taux d’inflation élevés et un endettement record dans des pays comme le Nigéria et le Ghana, complique la tâche. De plus, l’instabilité politique dans la région, exacerbée par les coups d’État au Burkina Faso, au Mali et au Niger, a conduit ces pays à se retirer de la CEDEAO en 2024, une situation qui, paradoxalement, pourrait faciliter l’avancée du projet en réduisant certains obstacles politiques.
Malgré ces difficultés, les autorités de la CEDEAO restent convaincues que l’Eco apportera des avantages significatifs à long terme. L’unification monétaire devrait non seulement stabiliser les prix, mais aussi simplifier les transactions transfrontalières, stimulant ainsi les échanges commerciaux. La création d’une zone économique plus intégrée pourrait également attirer davantage d’investissements étrangers directs (IDE) en offrant une plateforme plus stable et cohérente. Toutefois, des défis subsistent, notamment en matière de convergence monétaire et de discipline fiscale, des éléments essentiels pour garantir la viabilité de la nouvelle monnaie.
La mise en œuvre de l’Eco nécessitera une collaboration étroite entre les gouvernements de la région, les banques centrales et les acteurs économiques. Les autorités nigérianes, par exemple, insistent sur la nécessité d’un renforcement de la discipline monétaire et fiscale, tout en faisant face à des préoccupations de sécurité et à des turbulences économiques mondiales. Le ministre nigérian des Finances, Wale Edun, a souligné l’importance de cette initiative, non seulement pour stabiliser l’économie régionale, mais aussi pour aligner l’agenda économique de l’Afrique de l’Ouest avec les objectifs continentaux, notamment à travers les discussions avec la présidence sud-africaine du G20.
Le projet Eco représente plus qu’une simple réforme monétaire ; il s’agit d’un levier pour redéfinir l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest. Bien que de nombreux obstacles demeurent, notamment en matière de gouvernance économique et de stabilité politique, certains analystes estiment que les récentes évolutions pourraient accélérer l’intégration régionale. Le retrait de certains membres pourrait même permettre de simplifier le processus, en évitant des discussions complexes sur les divergences politiques et économiques. Reste à voir si la CEDEAO parviendra à tenir ses promesses et à lancer l’Eco d’ici 2027.