Le groupe chinois Shenghe Resources s’apprête à prendre le contrôle total de Peak Rare Earths, société australienne propriétaire du projet de terres rares Ngualla, situé en Tanzanie. Cette opération, évaluée à près de 97 millions de dollars, vise à sécuriser un important gisement capable de produire annuellement 37 200 tonnes de concentré sur plus de vingt ans.
Cette acquisition est le fruit d’un accord de fusion-acquisition qui prévoit le rachat des actions de Peak Rare Earths via une procédure australienne officielle. Déjà détenteur de près de 20 % du capital et d’un droit de préemption sur la production, Shenghe espère ainsi consolider sa position sur ce projet stratégique, l’un des plus avancés du continent africain dans le secteur des terres rares. L’opération doit encore être approuvée par les actionnaires en septembre 2025 et faire l’objet d’un feu vert réglementaire en Australie, en Chine et en Tanzanie.
Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de compétition mondiale intense autour des terres rares, minerais essentiels aux technologies de pointe et à la transition énergétique. La Chine domine aujourd’hui 69 % de la production mondiale, un avantage à la fois économique et géopolitique face aux États-Unis. En avril dernier, Pékin a d’ailleurs restreint l’exportation de sept éléments stratégiques, en riposte aux mesures tarifaires américaines.
Face à cette situation, la Chine multiplie les acquisitions de projets à l’étranger, notamment en Afrique, où d’importants gisements sont exploités en Afrique du Sud, Namibie, Angola et Ouganda. Contrôler ces ressources lui assure un accès sécurisé à ces minerais cruciaux. De leur côté, les États-Unis et l’Union européenne intensifient leurs initiatives pour diversifier leurs approvisionnements, développant des partenariats et soutenant des projets locaux portés par des compagnies occidentales.
Cette compétition entre grandes puissances présente des opportunités, mais aussi des défis pour les pays africains concernés. Ils doivent veiller à ce que l’exploitation de ces ressources se traduise par une véritable valeur ajoutée locale, la création d’emplois et le renforcement de leur souveraineté minière, afin de ne pas rester de simples fournisseurs de matières premières.