L’ambassadeur par intérim de Chine en Libye, Liu Jian, a affirmé mardi à Tripoli que son pays était prêt à s’impliquer activement dans la reconstruction économique de la Libye, une fois la stabilité politique rétablie. Cette déclaration renforce la volonté de Pékin de jouer un rôle central dans la relance d’un pays encore marqué par plus d’une décennie de chaos.
Liu Jian a précisé que plusieurs entreprises chinoises étaient prêtes à intervenir dès que les conditions sécuritaires le permettront. Il a souligné la place déjà importante qu’occupent les produits chinois sur le marché libyen, et a invité des personnalités et professionnels libyens à visiter la Chine pour établir des ponts économiques et explorer des partenariats dans des salons internationaux. Le diplomate a clairement indiqué que la Chine ne se contente plus d’un rôle passif, mais cherche à s’ancrer durablement dans le tissu économique du pays.
Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large de la Chine en Afrique du Nord, où Pékin allie diplomatie économique et influence politique. Depuis les années 2010, la Chine a multiplié les investissements dans la région, utilisant le levier des grands travaux d’infrastructure et de la coopération énergétique pour renforcer sa présence. En Libye, les secteurs du bâtiment, de l’énergie et des biens de consommation sont identifiés comme prioritaires pour la relance — et comme des points d’entrée pour les entreprises chinoises.
La reconstruction de la Libye représente un marché potentiel colossal, mais reste tributaire de la résolution des crises institutionnelles internes. L’absence d’un gouvernement unifié et les tensions persistantes entre factions rivales freinent pour l’instant les engagements étrangers de grande ampleur. Pékin, pragmatique, semble miser sur une stabilité à moyen terme pour entrer en force sur ce marché en friche. La Chine n’est pas la seule à convoiter les marchés libyens : la Turquie, l’Italie ou encore l’Égypte restent en embuscade.
En attendant une stabilisation durable, la Chine maintient sa présence économique, notamment à travers ses exportations de biens de consommation, omniprésents dans les foyers libyens. Ce soft power commercial constitue un socle utile pour bâtir une relation économique plus ambitieuse. À travers cette posture proactive, Pékin confirme qu’elle ne se limite plus à son rôle d’exportateur mondial, mais entend aussi être un acteur majeur de la reconstruction post-conflit.