Le 10 juin 2024, le procès des massacres du 28-Septembre 2009 en Guinée a pris une tournure cruciale avec la plaidoirie de l’un des avocats de Moussa Dadis Camara. Ce dernier, chef de l’État au moment des faits, est accusé d’avoir ordonné la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition, causant la mort de plus de 150 personnes et le viol de plus d’une centaine de femmes. L’avocat a demandé son acquittement pur et simple, affirmant que son client est innocent.
Lors de son intervention, l’avocat Almamy Samory Traoré a soutenu que Moussa Dadis Camara n’a joué aucun rôle dans les violences du 28 septembre 2009. Selon lui, ni le parquet ni les parties civiles n’ont pu apporter des preuves convaincantes de la culpabilité de son client. Il a insisté sur le fait que la charge de la preuve incombe à l’accusation et que celle-ci a échoué à démontrer que Camara avait ordonné l’intervention militaire au stade.
Pour rappel, le 28 septembre 2009, une manifestation de l’opposition au stade du 28-Septembre à Conakry avait tourné au massacre. Plus de 150 personnes avaient perdu la vie et plus d’une centaine de femmes avaient été violées. Ces événements avaient suscité une indignation internationale massive et une pression sur le régime militaire de Moussa Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir l’année précédente par un coup d’État.
L’avocat a également mis en avant les actions entreprises par Moussa Dadis Camara après les événements pour montrer sa bonne foi. Il a notamment mentionné le déblocage de fonds pour soigner les blessés et la création d’une commission d’enquête nationale. Ces mesures, bien que saluées par certains, sont interprétées par les parties civiles comme des tentatives de camouflage pour atténuer la responsabilité de Camara sous la pression internationale.
Le ministère public présente Moussa Dadis Camara comme le principal responsable des massacres. Selon eux, une réunion aurait eu lieu la veille de l’événement pour planifier la répression. L’avocat Traoré a tenté de discréditer cette affirmation en demandant des preuves concrètes de cette réunion, évoquant par ailleurs l’acquittement de Laurent Gbagbo par la Cour pénale internationale pour des accusations similaires.
Ce procès, qui a débuté en novembre 2022, reste crucial pour la justice guinéenne et les familles des victimes. L’acquittement ou la condamnation de Moussa Dadis Camara pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique et la société guinéenne. L’avocat de la défense a conclu en soulignant que condamner un innocent ne rendrait pas justice aux victimes, et a réitéré son appel à l’acquittement du président Camara.