Emmanuel Macron a officialisé jeudi 24 juillet sur X la décision française de reconnaître l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies en septembre. Cette annonce fait de la France le premier pays du G7 et le premier membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à franchir ce pas diplomatique majeur. La décision intervient dans un contexte de guerre à Gaza qui perdure depuis octobre 2023, suscitant des réactions contrastées entre satisfaction palestinienne et colère israélienne.
Le président français justifie cette décision par “l’engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient”, tout en précisant que “l’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza”. Paris coprésideraavec l’Arabie saoudite une conférence internationale destinée à relancer la solution à deux États. Cette reconnaissance avait été envisagée depuis le printemps 2024, mais reportée à plusieurs reprises, notamment en raison du conflit israélo-iranien et des réticences liées au statut particulier de la France au Conseil de sécurité. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a confirmé que le consul français à Jérusalem avait déjà remis une lettre présidentielle à l’Autorité palestinienne.
Cette annonce survient après des mois d’escalade militaire à Gaza, où la situation humanitaire s’est considérablement dégradée. Depuis le déclenchement du conflit en octobre 2023, la communauté internationale peine à imposer un cessez-le-feu durable. La France, qui maintient des relations diplomatiques équilibrées avec les deux parties, tente de jouer un rôle de médiateur tout en s’alignant progressivement sur une position pro-palestinienne. Cette évolution s’inscrit dans un mouvement plus large de reconnaissance internationale, puisque 142 pays sur 193 membres de l’ONU ont déjà reconnu l’État palestinien, dont dix depuis le début de la guerre à Gaza.
La reconnaissance française ouvre la voie à une potentielle cascade diplomatique européenne, même si Londres et Berlin restent pour l’instant en retrait. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a toutefois organisé un “entretien d’urgence” avec Paris et Berlin pour coordonner une réponse à la crise gazaouie. Cette initiative française pourrait également influencer d’autres puissances occidentales réticentes, notamment les États-Unis, principal allié d’Israël. L’enjeu pour Macron consiste désormais à mobiliser suffisamment de partenaires internationaux d’ici septembre pour donner du poids à sa démarche et éviter un isolement diplomatique.
L’annonce a suscité la satisfaction des dirigeants palestiniens, Hussein al-Cheikh, vice-président de l’OLP, saluant “l’attachement de la France au droit international”. Le Hamas y voit une “étape positive” tout en appelant les autres nations européennes à suivre cet exemple. Du côté palestinien de la rue, l’espoir d’un effet d’entraînement international se fait sentir. À l’inverse, Benyamin Netanyahu dénonce une décision qui “récompense la terreur” et risque de créer “un autre proxy iranien”. Le Premier ministre israélien maintient que les Palestiniens “cherchent un État à la place d’Israël” plutôt qu’à ses côtés.
Cette reconnaissance s’accompagne d’une condition claire posée par Macron : la démilitarisation de l’État palestinien et la reconnaissance pleine d’Israël. Paris tente ainsi de concilier les aspirations palestiniennes avec les exigences sécuritaires israéliennes. Cependant, cette approche se heurte à la réalité du terrain, où les groupes armés palestiniens rejettent toute démilitarisation et où l’actuel gouvernement israélien refuse catégoriquement la création d’un État palestinien. La France mise sur une dynamique internationale pour surmonter ces obstacles, mais l’échec répété des négociations de cessez-le-feu illustre la complexité de la situation. Le pari de Macron consiste à espérer qu’une reconnaissance internationale massive puisse créer les conditions d’une reprise des négociations bilatérales.