Le Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France, trois ONG françaises révèlent dans un rapport publié le 4 octobre, que la France produit pour l’exportation vers les pays en voie de développement des produits « très bas de gamme » comme la viande de porc, la volaille de chair et les produits laitiers. En Afrique, quatre pays que sont le Bénin, le Congo, le Gabon et la RDC (République démocratique du Congo) captent deux tiers des exportations françaises.
Le Bénin est un client historiquement important dont les imports de produits français connaissent une forte baisse (divisés par 3 en 10 ans), en particulier ceux d’abats de viandes de dinde et de poulet (appelés « poulet morgue » au Bénin), les deux principaux produits exportés par la France vers ce pays. Ces baisses peuvent être corrélées à des interdictions de circulation de la viande congelée au Bénin et des mesures de protection contre la concurrence importée au Nigeria, puisqu’une large part des importations béninoises sont réexportés de manière informelle vers le Nigeria. La FAO (2015) estime qu’environ 80 % des importations de poulet au Bénin sont réexportées vers ce pays.
Le Congo pour sa part, est un marché relativement stable pour la France qui importe principalement des poulets non découpés congelés (poulet export).
Et, le Gabon et la RDC sont des marchés en croissance constante depuis 10 ans. Le Gabon importe essentiellement des découpes congelées (ses importations de découpes congelées de dinde française ont été multipliées par trois en dix ans). La RDC était un faible importateur jusqu’en 2016/2017. Depuis, il connaît une forte hausse des importations de volailles françaises (777 tonnes en 2015 contre 4186 tonnes en 2021), et en particulier de poulet congelé entier français (de 276 en 2015 à 2315 tonnes en 2021), indique le rapport.
Les autres grands importateurs africains de la volaille française sont la Guinée, Comores, le Togo, Guinée équatoriale, Niger, Mozambique.
Le principal effet négatif de ces importations, apprend-on, découle de la concurrence féroce qu’elles génèrent vis-à-vis des filières locales des pays concernés. Etant donné que les tarifs douaniers appliqués à ces produits sont très souvent avantageux pour les importateurs. « Au-delà des problèmes socio-économiques que pose cette concurrence des importations low cost en provenance de pays comme la France, ces pratiques posent des questions éthiques. On peut légitimement s’interroger sur la moralité d’une méthode consistant à exporter à bas coût dans des pays tiers des produits de faible qualité dont les consommateurs européens ne veulent pas », soutient le rapport.
Achille Gadom