La visite du président nigérian Bola Ahmed Tinubu à Paris cette semaine, la première en 24 ans, montre la volonté de la France de diversifier ses partenariats en Afrique au-delà de ses anciennes colonies francophones. Emmanuel Macron a accueilli Tinubu, qu’il considère comme un « ami », dans une démarche similaire à celle avec le président ghanéen Nana Akufo-Addo. Cela montre l’intérêt de la France pour des relations plus économiques et moins marquées par l’histoire coloniale.
Bola Ahmed Tinubu a récemment expliqué que sa visite à Paris était surtout motivée par des raisons économiques. Il a parlé de sa « politique de porte ouverte » pour les investisseurs français. Cette approche s’aligne avec l’ambition d’Emmanuel Macron, qui depuis son élection en 2017, souhaite renouveler les relations avec l’Afrique. Macron a visité des pays en dehors de l’influence historique de la France, comme le Nigeria, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud, pour établir de nouvelles alliances.
Même si cette orientation n’est pas complètement nouvelle, elle s’est accélérée à cause des crises au Sahel, qui ont conduit à une perte d’influence de la France dans des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces pays, désormais plus proches de la Russie, ont chassé les forces françaises. Face à cette situation, la France a cherché à renforcer ses liens avec des pays non francophones, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, qui sont devenus ses principaux partenaires commerciaux en Afrique, devant même des pays comme la Côte d’Ivoire.
Avec la forte croissance démographique et l’urbanisation rapide en Afrique, les opportunités économiques sont énormes. D’ici 2050, l’Afrique devrait compter entre 600 et 700 millions de nouveaux citadins, ce qui augmentera les besoins en infrastructures et en services. Cela représente une opportunité économique majeure que la France souhaite saisir, notamment au Nigeria, où l’on observe une émergence de classes moyennes et un début d’industrialisation.
Le Nigeria, qui est le pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 220 millions d’habitants, est un marché très prometteur pour les entreprises françaises. TotalEnergies est déjà bien implantée dans le secteur pétrolier, mais d’autres secteurs comme l’agriculture, la construction, les télécommunications et les industries culturelles offrent aussi de grandes opportunités. La France s’engage aussi dans des secteurs plus innovants, comme la technologie et les industries créatives, avec des initiatives telles que le France-Nigeria Business Council.
En plus des investissements français au Nigeria, des entreprises nigérianes s’intéressent de plus en plus à la France. Des banques comme First Bank et Access Bank ont même commencé à s’installer en France. La France veut aussi renforcer sa présence économique dans d’autres régions d’Afrique, notamment en Afrique de l’Est, où le prochain sommet Afrique-France aura lieu à Nairobi en 2026. L’objectif est de diversifier les relations et de s’éloigner des anciennes pratiques paternalistes.