Le 2 avril, la Libye a annoncé la suspension des activités de dix ONG humanitaires internationales, accusées de tenter d’installer des migrants africains sur son territoire. Le porte-parole de l’Agence de sécurité intérieure (ASI) a qualifié ce projet de “hostile”, menaçant la sécurité et l’intégrité de l’État libyen. Parmi les organisations concernées figurent des acteurs bien connus tels que le Norwegian Refugee Council (NRC), le Danish Refugee Council (DRC) et Médecins Sans Frontières.
Les autorités libyennes affirment que ces ONG portaient atteinte à la stabilité du pays en mettant en œuvre un projet de modification de sa composition démographique. Le porte-parole de l’ASI a précisé que ce programme visait à installer des migrants africains, une démarche qui serait contraire aux intérêts de la Libye. Selon les responsables libyens, ces actions compromettent la sécurité intérieure et la cohésion sociale, déjà fragilisée par des années de conflit et d’instabilité politique.
Cette décision intervient dans un contexte particulièrement sensible pour la Libye, un pays qui reste plongé dans une crise politique et sécuritaire depuis la chute de Muammar Kadhafi en 2011. Depuis cette date, le pays a été en proie à des luttes de pouvoir entre différentes factions, tandis que les frontières libyennes sont devenues un point névralgique pour les flux migratoires en provenance de l’Afrique subsaharienne. Le pays sert souvent de point de transit pour les migrants en route vers l’Europe, mais il a également été accusé de maltraiter ces derniers, créant une dynamique complexe entre la gestion migratoire et la souveraineté nationale.
Le bannissement de ces ONG pourrait avoir de graves conséquences pour les populations vulnérables en Libye. Ces organisations fournissent une aide essentielle, notamment en matière de soins médicaux, d’assistance alimentaire et de soutien psychologique aux migrants et aux réfugiés. Leur expulsion pourrait réduire l’accès à ces services cruciaux, exacerber les souffrances des migrants et des Libyens, et compromettre les efforts humanitaires dans la région. En outre, cette décision pourrait entraîner un isolement accru de la Libye sur la scène internationale, notamment vis-à-vis des acteurs humanitaires et des organisations internationales.
Cette décision soulève des interrogations sur l’avenir des relations entre la Libye et les ONG internationales, ainsi que sur la gestion des migrations en Afrique du Nord. Alors que le pays semble vouloir renforcer ses frontières et contrôler de manière plus stricte les flux migratoires, les tensions avec les acteurs humanitaires pourraient rendre encore plus difficile la mise en place d’initiatives de coopération. Les ONG risquent de voir leurs activités limitées non seulement en Libye, mais aussi dans d’autres pays de la région qui suivent de près cette évolution.
À long terme, cette situation pourrait conduire à une révision des stratégies des ONG opérant dans la région, qui devront peut-être repenser leurs approches face à des autorités de plus en plus réticentes à accepter l’aide internationale. La communauté internationale pourrait être amenée à réévaluer son rôle dans la gestion des crises migratoires et des droits des réfugiés en Libye, en prenant en compte les préoccupations de sécurité du gouvernement tout en cherchant à garantir la protection des populations vulnérables.