La fuite des cerveaux, un phénomène qui affecte gravement de nombreux pays africains, commence à susciter des réactions positives sur le continent. Des pays comme le Sénégal, la Tunisie et le Maroc ont pris conscience de l’importance de retenir et de réintégrer leurs talents évoluant à l’étranger, et ont commencé à mettre en place des stratégies pour inverser la tendance, selon Abdeslam Marfouk, chercheur à l’Université catholique de Louvain en Belgique.
Selon Marfouk, l’Afrique est historiquement riche en talents et compétences. Pourtant, beaucoup de ces talents quittent le continent pour évoluer sous des cieux plus favorables, notamment en raison du manque de moyens logistiques et matériels dans leurs pays d’origine. Cependant, le Sénégal se distingue en initiant des programmes spécifiques pour encadrer et réintégrer les immigrés qualifiés. Par exemple, la création d’un poste de Conseiller spécial en matière d’immigration, ainsi que d’un ministère dédié, vise à faciliter le retour et la réinsertion socio-économique des Sénégalais qualifiés.
Depuis des décennies, l’Afrique souffre de l’exode de ses compétences vers les pays de l’OCDE, tels que les États-Unis, le Canada, et divers pays européens. Les talents africains sont reconnus mondialement, à l’image de figures comme Jacques Bonjawo, ingénieur informaticien camerounais, ou Cheikh Modibo Diarra, physicien malien ayant travaillé à la NASA. Cette fuite des cerveaux, motivée par le manque de perspectives dans les pays d’origine, a longtemps laissé le continent démuni de ses meilleurs éléments.
Aujourd’hui, certains pays africains commencent à changer la donne. La prise de conscience de l’importance de la diaspora qualifiée et l’élaboration de stratégies pour encourager le retour des talents sont des signaux positifs. Ces initiatives visent non seulement à réintégrer les compétences dans l’économie locale, mais aussi à valoriser les savoirs acquis à l’étranger pour contribuer au développement du continent. Le modèle sénégalais, avec ses politiques de réinsertion et d’investissement dans l’économie du savoir, pourrait inspirer d’autres nations africaines.
La lutte contre la fuite des cerveaux nécessite une action collective à la fois des gouvernements et des populations locales. Marfouk insiste sur l’importance d’améliorer les conditions internes—stabilité politique, opportunités d’emploi, etc.—pour réduire l’exode des talents. Il appelle également les Africains à mieux accueillir leur diaspora, souvent perçue comme des concurrents, afin de renforcer les liens et encourager leur retour.
Malgré les défis, Marfouk reste optimiste quant à l’avenir du continent. Il voit dans les Africains qualifiés de la diaspora un potentiel énorme pour contribuer au développement de l’Afrique, affirmant que beaucoup sont prêts à revenir et à investir leurs compétences dans leurs pays d’origine. L’Afrique, selon lui, pourrait devenir une « espoir du monde » dans les décennies à venir, si elle parvient à créer les conditions propices au retour et à la réintégration de ses talents.