En visite aux Comores pour célébrer le 50e anniversaire de l’indépendance du pays, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a lancé un vibrant appel à l’unité africaine et à l’autonomie économique du continent. Invitée d’honneur, elle a insisté sur l’urgence pour les États africains de dépasser le stade de l’indépendance politique pour atteindre une réelle souveraineté économique.
Dans son allocution, la cheffe d’État a souligné la nécessité de « bâtir des nations pleinement autonomes » grâce aux ressources et aux talents africains. « Alors que nous célébrons 50 ans d’indépendance politique, notre plus grand défi reste celui de l’indépendance économique », a-t-elle déclaré, évoquant une Afrique construite par ses propres citoyens, avec ses propres moyens. Elle a également réaffirmé la volonté de son pays de renforcer sa coopération avec les Comores sur les plans économique, social, environnemental et diplomatique.
Cette prise de position s’inscrit dans une tradition de discours panafricanistes portés par des figures historiques comme Julius Nyerere, Kwame Nkrumah ou Thomas Sankara. L’appel de Samia Suluhu Hassan réactive une vision d’un continent qui ne dépend plus de l’aide extérieure, mais qui investit dans sa jeunesse, son agriculture, ses industries et ses savoir-faire. Une vision d’autant plus pertinente que les dépendances économiques restent un talon d’Achille pour bon nombre de pays africains, y compris les Comores.
Cependant, le chemin vers cette souveraineté est semé d’obstacles : instabilité politique dans certaines régions, manque d’infrastructures, gouvernance parfois défaillante, et dépendance à l’exportation de matières premières. Le discours de la présidente tanzanienne sonne comme une exhortation à bâtir des partenariats intra-africains plus solides et à repenser les modèles économiques hérités de la colonisation.
Les relations tanzaniennes-comoriennes, déjà marquées par des échanges culturels et migratoires anciens, pourraient servir de levier pour un approfondissement de la coopération régionale. L’Union africaine et la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) apparaissent comme des cadres pertinents pour concrétiser cette vision d’autosuffisance, à condition que les volontés politiques soient à la hauteur des discours.
Le choix des Comores pour ce discours n’est pas anodin. Archipel souvent en marge des grands débats africains, les Comores symbolisent à la fois la fragilité des petites nations insulaires et leur potentiel de connexion entre Afrique orientale, Océan Indien et monde arabe. En y affirmant une volonté commune de prospérité africaine, Samia Suluhu Hassan envoie un message clair : aucune nation, aussi petite soit-elle, ne doit être laissée de côté dans le projet panafricain.