La République démocratique du Congo et l’entreprise américaine KoBold Metals ont signé, jeudi à Kinshasa, un accord de principe pour l’exploration minière sur le territoire congolais. Cette annonce intervient moins d’un mois après la signature d’un accord de paix entre Kinshasa et Kigali, soutenu par Washington, où l’accès aux ressources minières congolaises figurait parmi les enjeux centraux.
Soutenue par des investisseurs tels que Jeff Bezos et Bill Gates, KoBold Metals prévoit un programme d’exploration ambitieux, mobilisant plus d’un milliard de dollars. L’entreprise ne cible pas seulement le gisement de lithium de Manono – l’un des plus vastes au monde – mais compte explorer plus de 1 600 km² pour identifier d’autres ressources stratégiques (cobalt, cuivre, nickel). L’accord a été signé par le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba, et Benjamin Katabuka, directeur général de KoBold RDC.
Cet engagement s’inscrit dans une dynamique plus large de repositionnement américain en Afrique centrale. Déjà sous l’administration Trump, Washington avait exprimé son intérêt pour un partenariat renforcé avec Kinshasa autour des minerais stratégiques, dans un contexte de rivalité avec la Chine, très implantée dans le secteur minier congolais. La récente médiation américaine entre la RDC et le Rwanda semble avoir servi de levier diplomatique pour sécuriser cet accès.
Au-delà de la prospection, KoBold entend moderniser l’accès à l’information géologique. Une équipe sera dépêchée au Musée royal de l’Afrique centrale en Belgique pour numériser les archives minières de la RDC avant la fin juillet 2025. Ces données sont essentielles pour lancer le programme d’exploration de manière efficace. L’objectif affiché est de transformer certains gisements en mines à forte rentabilité et à haute valeur ajoutée sur le long terme.
Si l’accord représente une manne potentielle pour l’économie congolaise, il soulève aussi des inquiétudes. Certains analystes pointent le risque de dépendance accrue envers les intérêts occidentaux, dans un pays où les richesses du sous-sol n’ont que rarement bénéficié aux populations locales. L’absence de détails sur les clauses de partage des bénéfices ou sur les retombées concrètes pour les communautés pose question.
La RDC cherche à diversifier ses partenaires dans un secteur minier historiquement dominé par les entreprises chinoises. L’arrivée de KoBold Metals s’inscrit dans cette logique. Reste à voir si ce partenariat américain s’accompagnera d’une meilleure transparence et d’un transfert de compétences au profit du pays. Pour l’instant, l’accord reste au stade de principe. Sa mise en œuvre effective, et surtout ses bénéfices réels pour le Congo, devront être scrutés de près.