Les soldats somaliens envoyés clandestinement en Érythrée en 2019 pour y être entraînés vont-ils bientôt rentrer dans leur pays ? C’est en tout cas ce qu’a déclaré lundi 19 décembre le chef de l’État somalien Hassan Cheikh Mohamoud en marge d’un déplacement officiel aux États-Unis, assurant qu’ils commenceront à rentrer « fin décembre » et seront tous rentrés « en janvier ». Mais de nombreuses interrogations et zones d’ombres demeurent.
« Nous avons tout réglé » : « Si Dieu le veut, il n’y aura plus de délai » assure le président somalien. En juillet dernier déjà, après un déplacement en Érythrée, Hassan Cheikh Mohamoud avait annoncé le retour de ses troupes… sans effet. Depuis, il est retourné à Asmara pour tenter de régler cet épineux dossier.
Épineux, car Mogadiscio n’est pas en mesure d’expliquer pourquoi ces somaliens sont toujours retenus dans le pays alors que leur formation est déjà terminée.
Selon plusieurs sources, au moment de leur recrutement, ces 5 000 soldats s’étaient également vu promettre non pas un entrainement en Érythrée, mais un départ pour le Qatar afin d’y être formés comme agents de sécurité.
Pendant près de deux ans, l’affaire a d’ailleurs été tenue secrète. Il aura fallu une série de révélations dans la presse en 2021 pour que l’administration de l’ancien président Mohamed Abdullahi Farmajo reconnaisse qu’ils étaient bel et bien partis en Érythrée.
L’affaire est également polémique, car officiellement ces hommes ont été formés pour revenir lutter en Somalie contre les islamistes shebabs. Mais en mai 2021, le rapporteur spécial de l’ONU en Érythrée a révélé que certains avaient « été déplacés de leurs camps d’entrainements vers la ligne de front au Tigré », pour ensuite « accompagner des troupes érythréennes » engagées en Éthiopie aux côtés de l’armée fédérales dans la guerre civile. Ce que les autorités avaient nié, tant à Asmara qu’à Mogadiscio.
RFI