En Ouganda, TotalEnergies veut extraire du pétrole dans la région du lac Albert. Six ONG l’accusent d’atteinte à l’environnement et aux droits des populations locales. En attendant la décision du tribunal judiciaire de Paris, TotalEnergies avance dans le chantier. Côté ougandais et côté tanzanien puisque le pétrole va être transporté dans un pipeline. Là-bas, les espoirs de retombées économiques sont grands.
Sur la côte tanzanienne, Total a déjà rasé l’équivalent de 72 hectares pour implanter notamment des réservoirs de 20 mètres de haut qui vont stocker le pétrole. « C’est un stockage tampon entre une production en continu en amont et un export de la production qui n’est pas permanent, car il dépend des tankers. Le temps que le tanker s’amarre, se connecte et enlève l’huile », indique Mathieu Faget, responsable du site.
L’huile, c’est-à-dire le pétrole. Dans la zone de travaux, Total a recruté du personnel pour bâtir des fondations, conduire des engins, faire la circulation ou le ménage. Alors à Poutini, village situé en bordure, des habitants patientent à l’ombre d’un arbre. Comme Amina, ils espèrent décrocher un emploi sur le chantier : « J’attends pour le projet depuis longtemps. On a entendu dire qu’ils payaient de bons salaires, alors on attend. Moi, ça fait deux mois, mais il y a des gens ici qui attendent depuis deux ans. »
Les arbres abattus le long du pipeline qui traverse tout le pays, les risques de fuites, les avertissements des ONG qui décrivent ce projet comme une bombe qui va aggraver la crise climatique : tout cela ne semble pas au cœur des préoccupations ici. Le militant de l’environnement Baracka Lenga le sait. « Je suis souvent perçu comme quelqu’un qui veut freiner l’enrichissement du pays », dit-il.
« On ne peut pas se réjouir de gagner de l’argent sur le dos de la planète. Nous avons déjà un problème avec les pluies, le niveau des rivières a baissé. Et ça, c’est à cause du changement climatique. Ce projet va émettre des millions de tonnes de CO2, et en faisant cela, il va aggraver cette crise climatique. Nous allons être confrontés à un manque de pluies, parfois à plus de pluies du tout, s’inquiète Baracka Lenga. Or, dans les zones rurales, 99% de la population dépend de la pluie pour cultiver. Cela veut dire que l’on va détruire leur gagne-pain. Comment vont-ils survivre ? »
L’Agence internationale de l’Énergie a beau appeler à en finir avec les nouveaux forages, le gouvernement tanzanien est pleinement derrière le projet. La compagnie de pétrole tanzanienne est d’ailleurs actionnaire.
rfi