À quelques heures de l’ouverture des pourparlers à Luanda, la situation autour du dialogue entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23 a pris une nouvelle tournure. En effet, l’AFC/M23 a décidé d’annuler sa participation aux discussions prévues sous l’égide de la médiation angolaise, plongeant ainsi l’avenir du dialogue dans l’incertitude. Cette décision intervient alors que la délégation congolaise est déjà arrivée à Luanda, prête à entamer les discussions.
Le mouvement rebelle a justifié sa décision par l’annonce de nouvelles sanctions européennes visant plusieurs de ses dirigeants, dont son coordonnateur adjoint Bertrand Bisimwa. En plus de cet obstacle diplomatique, l’AFC/M23 accuse l’armée congolaise (FARDC) d’avoir intensifié les combats, notamment en déployant des moyens aériens dans la région de Walikale, où le groupe armé a récemment réalisé des avancées militaires. Ces développements ont conduit à la suspension de la participation du M23 aux pourparlers, une décision qui pourrait compromettre les efforts de médiation.
Le contexte de cette situation est marqué par une escalade des tensions militaires dans l’est de la République Démocratique du Congo, où l’AFC/M23 est impliqué dans des affrontements avec les FARDC. Le M23, qui a connu une résurgence depuis 2021, est accusé par le gouvernement congolais et ses alliés de déstabiliser la région, notamment en exploitant les conflits ethniques et les ressources naturelles. Parallèlement, la communauté internationale, y compris l’Union européenne, a adopté une position ferme en imposant des sanctions à l’encontre des dirigeants du mouvement rebelle, ce qui a exacerbé les relations entre les différentes parties.
La médiation angolaise, qui avait espéré voir les pourparlers débuter ce mardi, se trouve désormais face à un défi majeur. Bien que la délégation congolaise soit déjà présente à Luanda, l’absence du M23 pourrait nuire à l’efficacité des négociations et remettre en question la crédibilité du processus. Le rôle de l’Angola, en tant que médiateur, devient crucial dans la gestion de cette crise et dans la possibilité de ramener le M23 à la table des négociations. Les prochaines étapes de ce dialogue seront donc déterminantes pour l’avenir de la paix en RDC.
Les sanctions européennes imposées au M23 sont un élément clé dans cette impasse. Depuis l’ajout de plusieurs personnalités de l’AFC/M23 à la liste noire de l’Union européenne en juillet 2024, le dialogue a été entaché par des accusations de mauvaise foi et de manipulation politique. Ces sanctions ont aggravé la méfiance du M23 envers le processus de médiation et sont devenues un point de friction majeur dans les négociations. L’UE semble vouloir renforcer la pression sur le mouvement pour le contraindre à une désescalade, mais cet impact pourrait être contre-productif, si l’on considère le retrait actuel du M23 des pourparlers.
Pour certains experts, la situation actuelle met en lumière l’ampleur des défis liés à la pacification de l’est de la RDC. Selon une source proche de la médiation, le retrait du M23 représente un revers considérable, mais il ne signifie pas la fin du dialogue. « Il est encore possible de renouer le fil des négociations, mais il faudra des concessions de part et d’autre », analyse un spécialiste des conflits régionaux. En attendant, la pression internationale sur le M23 pourrait forcer le mouvement à réévaluer sa position, bien que cela semble peu probable à court terme. Le rôle de la communauté internationale reste donc central dans cette crise.
COMMUNIQUÉ OFFICIEL DE L’ALLIANCE FLEUVE CONGO DU 17 MARS 2025
L’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) exprime ses profonds regrets de constater que certaines institutions internationales s’emploient délibérément à saboter les efforts de paix en République Démocratique du Congo et à… pic.twitter.com/TpsAB8DPKW
— Lawrence KANYUKA (@LawrenceKanyuka) March 17, 2025