Le Collège des Chefs d’État de la Confédération des États du Sahel (AES), réuni à Bamako le 28 mars 2025, a adopté une mesure clé pour le financement de l’organisation : l’instauration d’une taxe de 0,5 % sur les importations en provenance de pays tiers. Cette initiative marque un tournant pour l’Alliance, qui vise ainsi à renforcer son autonomie financière et réduire sa dépendance aux aides extérieures.
Le prélèvement de 0,5 % s’appliquera à la valeur en douane des marchandises importées en provenance de pays non membres de l’AES. Les produits des États membres, ainsi que certains biens comme les dons humanitaires ou les hydrocarbures, seront exonérés de cette taxe. Conformément aux normes du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), la mesure sera strictement appliquée aux importations de pays tiers, contribuant ainsi à la stabilité économique et institutionnelle de la Confédération.
Cette décision s’inscrit dans un cadre plus large de consolidation de l’AES, née de l’accord du 6 juillet 2024 à Niamey et officialisée en septembre 2023 avec la Charte du Liptako-Gourma. En visant une autonomie financière, l’AES cherche à affirmer son indépendance par rapport aux systèmes de financement extérieurs souvent assortis de conditions. Ce mécanisme financier constitue un élément essentiel de l’intégration politique et économique des trois pays membres – le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
L’objectif de cette taxe est clair : doter la Confédération des États du Sahel de ressources pérennes pour financer ses institutions, ses projets d’intégration régionale et sa solidarité inter-étatique. À long terme, l’AES envisage de constituer un capital initial pour la Banque confédérale d’investissement et de développement, une étape cruciale pour son développement économique. Ce modèle de financement pourrait servir de modèle pour d’autres organisations régionales en Afrique, en quête d’autonomie.
Le recouvrement de la taxe sera assuré par les administrations douanières nationales de chaque État membre, avec des montants collectés qui devront être versés dans un compte unique de la Confédération dans les 15 jours suivant leur collecte. Le ministre des Finances du pays assurant la présidence tournante de l’AES sera chargé de la gestion des fonds, garantissant ainsi la transparence et l’efficacité de cette mesure.
Par cette initiative, les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger réaffirment leur volonté d’établir un bloc confédéral plus intégré et plus souverain. L’instauration de ce prélèvement représente un pas majeur vers la construction d’une région solidaire, autonome et résolument tournée vers l’avenir. Cette décision pourrait bien marquer un tournant dans la dynamique de coopération en Afrique de l’Ouest.