L’Angola a officiellement annoncé la fin de sa médiation entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, mettant un terme à un rôle qu’elle a occupé pendant plus de deux ans. Cette décision a été confirmée par la présidence angolaise le lundi 24 mars 2025. Le président João Lourenço, après avoir pris la tête de l’Union africaine (UA) il y a deux mois, a exprimé la nécessité de se concentrer sur des priorités plus larges pour le continent africain, notamment la paix, les infrastructures, le commerce, la santé publique et les réparations pour les Afro-descendants.
Le retrait de l’Angola intervient après une série d’échecs significatifs dans le cadre de la médiation entre les deux pays. En décembre dernier, une rencontre cruciale à Luanda entre le président congolais Félix Tshisekedi et le président rwandais Paul Kagame a échoué, le dirigeant rwandais ne se présentant pas à l’événement. Cette rencontre avait pour objectif d’apaiser les tensions, mais les conditions posées par le Rwanda, exigeant un dialogue direct entre Kinshasa et l’AFC/M23, ont rendu l’initiative infructueuse. Par la suite, une rencontre a eu lieu à Doha, mais l’absence de l’Angola dans ce processus a mis en évidence les limites de sa médiation.
Cette décision de retrait survient dans un contexte de tensions militaires et diplomatiques croissantes entre la RDC et le Rwanda, exacerbées par le rôle du groupe rebelle M23. Depuis plusieurs années, la RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce qui a exacerbé les relations bilatérales et compliqué les efforts de paix. L’Angola, en tant que médiateur, avait cherché à désamorcer la situation, mais ses efforts se sont heurtés à des obstacles majeurs, notamment les divergences entre les deux pays concernés, le manque de confiance mutuelle et l’absence de volonté politique pour des négociations directes.
Avec ce retrait, l’Angola souhaite désormais se concentrer sur ses priorités internes et continentales. Cependant, la question de la paix dans la région des Grands Lacs reste d’actualité. Le retrait angolais ouvre la voie à un nouveau médiateur, qui devra incarner une nouvelle dynamique pour rétablir la paix entre Kinshasa et Kigali. Ce rôle pourrait être repris par un autre chef d’État africain, désigné par la Commission de l’Union africaine (UA), qui devra travailler en collaboration avec d’autres organisations régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
L’Angola a annoncé une nouvelle initiative visant à fusionner le processus de Luanda avec celui de Nairobi. Un sommet virtuel, prévu pour le lundi 24 mars, devrait officialiser cette fusion. Cette démarche vise à créer une seule et même médiation plus cohérente, permettant une meilleure lisibilité des étapes à venir. L’objectif est de simplifier le processus et de donner un cadre plus clair aux négociations, tout en maintenant l’engagement des différentes parties prenantes. Le Qatar, qui a joué un rôle discret mais actif en maintenant le contact entre les dirigeants rwandais et congolais, pourrait également continuer à influencer les négociations de manière indirecte.
Le retrait de l’Angola soulève des questions sur l’efficacité des médiations africaines dans des crises aussi complexes. Si l’Union africaine et ses partenaires régionaux parviennent à trouver une solution de remplacement, la question demeure de savoir si un nouveau médiateur pourra surmonter les mêmes obstacles. L’issue de ce conflit aura des répercussions non seulement pour la RDC et le Rwanda, mais aussi pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs.