Par RFI
Cela fait dix jours que l’armée malienne, ses supplétifs russes et les chasseurs traditionnels dozos sont entrés dans Nia-Ouro. Ce village proche de Sofara, région de Mopti, dans le centre du Mali, a été la cible d’une opération antiterroriste. Plus précisément des « recherches » menées sur la base de renseignements précis et « avec professionnalisme », selon un communiqué de l’armée malienne diffusé le 6 septembre dernier, le dernier en date. Mais de nombreuses sources locales ont fait état, dimanche 4 septembre, d’accusations de viols, qui auraient été commis par les supplétifs russes de l’armée malienne. Depuis, selon les informations de RFI, l’armée serait toujours présente dans le village et continuerait de mener des actions dans le secteur.
Les militaires maliens, leurs supplétifs russes et les chasseurs traditionnels dozos qui les accompagnent sont toujours installés à Nia-Ouro. « Des véhicules entrent et sortent chaque jour », affirment plusieurs sources locales concordantes, qui jugent que cette présence a vocation à durer.
Selon ces sources, vendredi dernier, les militaires maliens et les chasseurs dozos auraient mené une opération en brousse, non loin du village : deux hommes auraient été tués, deux autres blessés. Difficile de dire s’il s’agissait de simples villageois cachés par crainte de l’armée ou de combattants jihadistes.
Des frappes aériennes d’envergure auraient également été menées, ce même vendredi, à plusieurs kilomètres à l’est de Nia Ouro, dans une zone connue pour servir de refuge aux jihadistes de la katiba Macina, membre du Jnim et liée à Aqmi.
Samedi, les chasseurs dozos se seraient rendus dans un village de la même zone, Kankele, pour voler du bétail, et auraient exigé 2 millions de francs CFA des villageois pour restituer les animaux. Le lendemain dimanche, les chasseurs dozos auraient volé plusieurs centaines de bœufs dans le village de Tandiama, également tout proche. Selon les mêmes sources locales concordantes, les militaires maliens étaient aux côtés des chasseurs : ils n’étaient pas à la manœuvre, mais ont laissé faire.
Le village de Tandiama se serait lui aussi vidé de ses habitants au cours des derniers jours. Comme ceux de Nia Ouro, ils auraient choisi de se cacher en brousse ou dans les localités voisines. Enfin, les bergers de Sofara auraient été empêchés, par les mêmes groupes de chasseurs traditionnels, d’emmener leurs bêtes aux pâturages. Sollicitée par RFI, l’armée malienne n’a pas donné suite.
La zone de Sofara est depuis des années le théâtre d’attaques jihadistes meurtrières, les habitants de la zone ont à de nombreuses reprises demandé une présence accrue de l’armée pour les protéger. Certains interlocuteurs redoutent cependant que les allégations d’exactions rapportées ces derniers jours ne poussent de nombreux villageois, notamment parmi les plus jeunes, à rejoindre les rangs jihadistes.
La Minusma a ouvert une enquête sur les allégations de viols et de pillages portées contre l’armée malienne et ses supplétifs à Nia-Ouro, sans être autorisée par les autorités maliennes à se rendre sur les lieux.