L’armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, a fermement nié toute implication dans l’attaque survenue le 10 juin à la frontière avec le Soudan. Dans un communiqué relayé par le média libyen Al Marsad, elle affirme que ce sont au contraire ses propres troupes qui ont été la cible de tirs venant du territoire soudanais.
Selon la version de l’ANL, une de ses patrouilles aurait été attaquée ce jour-là par des soldats soudanais. L’armée libyenne dément tout lien avec les Forces de soutien rapide (FSR), groupe paramilitaire soudanais impliqué dans la guerre civile en cours. Elle accuse les forces régulières de Khartoum de chercher à transférer le conflit au-delà de leurs frontières, en alimentant une escalade dans une zone déjà instable.
Cette passe d’armes s’inscrit dans un contexte explosif, à la jonction stratégique entre la Libye, le Soudan et l’Égypte. Le 10 juin, un porte-parole de l’armée soudanaise avait affirmé que les troupes de Haftar, en coordination avec les FSR, avaient lancé une offensive dans cette région frontalière. Ce triangle désertique est devenu un point névralgique du trafic d’armes et du transit de combattants entre zones de conflit.
La confrontation entre l’armée soudanaise et les FSR se double désormais de tensions avec la Libye, pays lui-même fragmenté entre milices rivales. Une implication de l’ANL, réelle ou supposée, dans le conflit soudanais pourrait envenimer les relations diplomatiques régionales et accentuer l’instabilité dans le Sahel et en Afrique du Nord. À ce stade, aucune médiation régionale n’a été annoncée.
La frontière entre la Libye et le Soudan, peu surveillée et largement désertique, est régulièrement le théâtre d’incidents entre groupes armés, trafiquants et forces régulières. L’absence d’autorité étatique forte dans ces zones frontalières facilite les affrontements et les alliances opportunistes. De nombreux analystes craignent que cette zone devienne un nouveau foyer d’affrontement par procuration entre puissances régionales rivales.